Les plus belles plantes n’ont pas forcément les plus belles graines.
- DRIIING DRIIIING –
...
- DRIIIIIIIIIIIIIIIIIING –
- Okay, okay ! J’rrive !
- DRING DRING DRING-
- Putain ! Ah... c’toi Anabelle, qu’est c’tu m’veux ? J’t’ai dis que j’recouch’rai pas ‘vec toi, ‘lors...
- Je suis enceinte.
- ...
- Grim, je suis enceinte de toi.
- ... t’veux quoi, d’fric ? Des...
- Je veux que tu l’assumes, oui !
- Waaai, non, d’solé mais j’veux pas d’un chiard à m’ccuper ! J’suis trop jeune et j’d’autre choses à foutre que d’voir un gosse, s’tout s’il vient de toi.
- Si tu ne l’assumes pas, je dirais à mon père que tu m’as violé et ainsi tu n’aura plus accès à son entrepôt, tu sais, celui que tu loues pour tes armes et tout, et tout... il est gentil de fermer les yeux, et c’est sûrement le seul qui accepte de faire ça...
- ‘tain, tu m’fais chier, sérieux.
- Je savais que tu allais prendre cette nouvelle au sérieux, et c’est une fille, en plus !
- HEIN ? UNE BONNE FEMME ?! Oh p’tain, j’suis dans la merdeeee.
- Faudra aussi penser au mariage et aux-
- STOP, qu’dalle, rêve, jamais !
- DRIIIING DRIIIING -
- Grim, ouvre cette porte, revient, Grim !
Tout pour un bonbon.
Un son de clochette retentit, mais quand le marchand se retourne, seule la porte bouge légèrement et aucune présence ne se fait ressentir. Il soupire, ce marchand derrière son comptoir finit par reprendre sa première position, face au mur, rangeant deux ou trois pâtisseries fraiches ou décoratives. A Dryden, on ne se bouscule pas toute la journée pour se rendre dans cette boulangerie, pourtant si atypique et chaleureuse. De nouveau, la clochette se remet à tinter de sa douce mélodie et cette fois, quand le boulanger se remet droit vers la porte, c’est un petit éclair bleu qui lâche quelques bonbons, qui passe la porte, enfin qui sort du magasin.
Et c’est encore une course poursuite dans le village qui se terminera par un tirage d’oreille et un enfant mort de rire.
Il n’y a pas meilleur père que le pire des fauves.
- Edelweiss ? Edelweiiiis ? Eh, gamine, t’es où encore ?
Pas sous le lit, ni dans le placard et encore moins dans la poubelle. Le fauve cherchait la fleur avec un grand sourire. Mais où était donc cette petite fille ?
- P’t’êt’e par là ? Ha, non... Bon, tant pis, j’vais manger c’te glace tout seul.
Les draps bougent subitement et sans crier garde, une petite tête en sort suivit de son corps qui se jette sur le plus grand des deux.
- Noooon, j’en veux aussi, papaaaaa !
Riant doucement, Grim attrapa sa fille dans ses bras avant de la reposer dans son lit et s’asseoir à son bord.
- Bah on v’rra ça d’main, là c’l’heure de dormir, si tu t’étais pas ‘ssi bien caché...
Gonflant ses petites joues, l’enfant croisa ses bras avant de répondre.
- T’es fourbe, papa, grumph.
- Merci gamine.
Se redressant, le père alla embrasser sa fille sur le front et sortit de la chambre en laissant un fin filet de lumière pénétrer la chambre de la petite. On ne sait pas quelle bête de la nuit pouvait rôder.
Pourquoi suis-je ?
- Maman ?
Elle est morte.
- P-papa ?
Il est avec maman.- Quelqu’un ?
Tu seras à jamais seul.- Non... il y a quelqu’un !? Je ne veux pas être seul !
Tu l’es déjà.- Mais...
Arrêtes de rêver, car jamais tu ne trouveras le bonheur et même si tu y aspires, il te fuira.
- Pourquoi ?Parce que tu es toi. Parce que tu es un fauve.
- Je suis quoi ?...Tais-toi.
Il pensait que ce n’était qu’un cauchemar, du haut de ses cinq ans, alors il n’y fit pas plus attention et n’en parla pas. Personne ne l’aurait écouté.
Shut the fuck up, bastard.
- Allez gamin, lâche ton flingue, tu risques de te faire mal ! Ricana un vieux bandit dont la clope restait clouée à son bec.
Arrête de rire, le vieux, tu ne sais pas ce que je suis capable de faire.
- Ta gueule, j’vais t’exploser... Grogna un jeune bleuté, du haut de ses dix huit ans.
- J’suis sûr qu’il n’est même pas charger, ne me fait pas rire !
- Ta gueule, ta gueule !
- Grim, calme-toi, il te cherche... chercha à convaincre un des potes de Grim.
- Regarde-toi, avec tes cheveux bleus, on dirait un bonhomme de neige qui tient un pistolet à eau ! Haha ! La clope tomba par terre tellement le rire de l’homme le secouait.
- MAIS TA GUEULE !
BAM
Et c’est ton corps qui chute, vieux con. Je gagne la partie.
- M-m-merde, Grim, t’as tué un flic, putain, faut se casser !
Je n’sais pas c’que je ressens vraiment. C’est entre le plaisir et la peur, sûrement une question d’habitude à avoir et tout deviendra un pur moment d’jouissance, ‘vec le temps.
- L’ferme, prend s’flingue et son fric et ‘suite on s’casse.
Naissons-nous tueurs ou le devient-on ? Comme Grim, certaines personnes naissent avec les griffes acérées voire mortelles.
On a pas sept ans tout le temps.
- Bon les enfants, vous allez nous décrire comment son vos parents puis vous me ferez une jolie rédaction pour demain. Roseline, tu commences !
- Bah mon papa, il a une groooosse voiture rouge et il travaille dans une graaande banque, dans la ville d’à côté et ma maman, elle s’occupe de moi tout le temps ! Puis même qu’une fois, mon papa il m’a ramené un petit chien pour mon anniversaire.
- C’est adorable, Roseline. Bon, Jack, et toi ? Grim ! Reprend ta place, on ne sort pas par la fenêtre, roh !
- Mais j’y’était presque...
- Bah... mon papa a sa propre boite, il est plombier et il ramène l’argent à la maison. Mais vu que c’est pas assez, maman travaille à la supérette de la ville, c’qui fait qu’on peut se payer des vacances de temps en temps. On est très bien comme ça, sauf quand il faut payer les grosses factures, là on douille...
- Comme beaucoup de personne, Jack, comme beaucoup de personne... mais c’est bien ! Bon... à qui le tour... tient, Grim, parles-nous de tes parents !
- Nan.
- P-pardon ?
- J’dis ‘nan’.
- On ne parle pas comme ça aux grands, puis quand je te pose une question tu y réponds.
- Nan.
- Je vais aller chercher le principale, Grim.
- Bah c’lui qui vous d’ras qu’mes parents ont crevés ‘vec une balle dans l’crâne, pouffiasse !
- Maitresse, c’est quoi une « pouffiasse » ?
- R-Robert, tais-toi, et va dire au principal que Grim Hightjaguar a encore fait une fugue...