Randall ↗ Donc, j'disais... j'me suis reconverti après l'US Army. C'est moi qui vends des infos à des gens.
Homme ↘ Et comment tu fais pour les collecter, ces infos ?
Randall ↗ (ricanement) Ça, c'est mon secret. Donc tu disais tout à l'heure, t'as l'argent ?
Tant de secrets ne rendaient pas l'ambiance très confortable pour le soldat. Celui-ci observa Randall pendant un moment. Il ne se souvenait pas de l'avoir connu aussi réservé, pendant leurs quatre années d'armée de terre passées ensemble… le brun avait changé. L'homme fit un petit mouvement de la tête, indiquant la sortie.
Montrer une mallette pleine de dix mille dollars n'était en effet pas très discret dans un bar ; ils étaient mieux dans une ruelle. Pourquoi s'être vus là-bas en premier, alors ? Parce que Randall était professionnel. Toujours voir la tête du client avant de faire une transaction. Heureusement que ledit client lui était familier, cela allait se passer beaucoup plus vite.
Randall soupesa la mallette, eut un petit sourire, puis la reposa. Et commença purement et simplement à s'éloigner de son ancien camarade.
Randall ↗ Désolé, vieux, on m'a proposé quinze mille dollars pour la même info. La prochaine fois peut-être…
Il avait carrément commencé à sortir de la ruelle lorsque son ami l'arrêta d'une main sur l'épaule, le faisant se retourner.
Homme ↘ Attends ! Tu n'es pas de mon côté ? Tu vas la donner à un autre parti ?
Randall le fixa un instant, nonchalant, puis lui sourit amicalement en repoussant la main sur son épaule.
Randall ↗ C'est plus comme à l'armée, y'a quatre ans. Je soutiens aucun parti. Je vends à qui m'offre le meilleur prix, c'est tout, les alliances et les ennemis m'importent peu.
L'autre sembla réfléchir un instant, puis, d'un air déterminé, déclara :
Homme ↘ Et si je t'en donne vingt mille ?
Randall ↗ Alors ton offre devient beaucoup plus intéressante... Tu y tiens tant que ça, à ton info ?
Homme ↘ Pour des raisons personnelles, oui. Marché conclu ?
Randall ne croyait pas aux 'raisons personnelles' d'une manière générale, mais il sentait qu'il devait accepter. Alors comme toujours, il fit confiance à son instinct, et il reçut effectivement le montant demandé. Il eut à nouveau un léger sourire. Un prix, une info.
Randall ↗ Eyston sera au Skyloft, à Las Vegas, dans deux jours, à 22 heures, avec une escorte de cinq hommes. Cette information ne te vient évidemment pas de moi, si tu la divulgues.
❖❖❖
À la sortie du Skyloft, trois hommes. Au-devant, Wilson, un malfrat allié à Eyston, qui était venu quérir des informations sur la mort de ce dernier, survenue la veille. À sa gauche, un premier garde du corps. À sa droite, le deuxième garde, Randall, vêtu de sa tenue habituelle et d'une paire de lunettes de soleil.
Le mafieux ne semblait pas prendre le chemin du retour. Les gardes du corps se jetèrent un coup d'œil rapide, mais suivirent. Il les menait dans une ruelle, derrière les bâtiments.
Au bout de quelques minutes, il s'arrêta sans prévenir, puis se tourna vers Randall. Celui-ci retira ses lunettes de soleil, qu'il mit dans sa poche.
Randall ↗ Il y a un problème, patron ?
Wilson eut un sourire mauvais. Randall, troublé, se douta immédiatement que quelque chose n'allait pas, mais il n'eut pas le temps d'éviter le coup qui fila vers son arcade sourcilière. Sonné, et pris par surprise, le garde du corps tomba lourdement sur le sol pavé.
La suite demeure toujours floue dans les souvenirs du brun. Trop surentraîné, il ne s'était pas laissé faire une seule seconde, et les deux hommes avaient du mal à le maîtriser. Jusqu'au moment où Wilson sortit son arme pour en poser le canon sur l'arrière de la tête de Randall.
Wilson ↘ Je sais que c'est toi qui as donné l'info aux soldats, pour le rendez-vous d'Eyston. J'te connais assez pour le savoir. T'as dû empocher pas mal d'argent, hein ? Tu vas payer pour ça....