Enfin, il était arrivé, il le sentait. Depuis qu'il avait atterri sur le plateau, Kay s'était senti irrémédiablement tiré vers un lieu inconnu et, alors qu'il se tenait devant l'atelier, ce sentiment l'avait quitté. Oui, il était arrivé. Un sourire apparu sur son visage fatigué. Ce plateau était vraiment génial : après avoir rencontré un pote de l'armée, un dresseur de toutous de guerre et tabassé un ou deux monstres avec la tige de fer qu'il avait trouvé, le blond allait pouvoir 'rentrer à la maison'.
Car ce lieu était sa nouvelle maison maintenant, il se sentait heureux et content d'arriver. Il resta quelques instants à fixer des ses yeux bleus la façade noire du magasin, cherchant à l'ancrer dans sa mémoire pour le reconnaître d'un coup d’œil la prochaine fois. Les jambes croisés, appuyé sur sa barre métallique tachée de sang à peine sec, il laissa passer les secondes, puis les minutes, et commença à murmurer une chanson, puis à l'entonner au fur et à mesure des paroles. Enfin, il se redressa et entra sans hésiter en fredonnant les paroles et en faisant tourner son arme à la manière d'une canne de cabaret.

- Ca-li-for-nian girls were unforgettable ! ♪

Il faisait bien meilleur à l’intérieur... Des têtes se levèrent pour scruter le nouveau venu qui, loin de se laisser intimider, leur sourit et demanda.

- Excusez moi, je suis bien chez les cœurs ?

S'ensuivit une brève discussion avec les personnes qui avaient bien voulu lui répondre et il fut indiqué au blond que le roi se trouvait à l'étage, et qu'il devait tout de suite aller se faire recenser. Loin de déroger à la règle, Kay remercia et s’exécuta avec bonne humeur.
Tout en haut des escalier se trouvait une jeune fille, qui le scrutait avec un étrange air impassible tout en jouant avec des ciseaux. En baissant la tête pour la regarder, le blond remarqua qu'elle avait des yeux vairons. Étrange, cette couleur rouge... Puis il lui vint que l’œil en question n'était sans doute pas un vrai. Il tapota la tête de la petite de sa main libre, l'autre tenant sa barre de fer ensanglantée.

- Salut gamine, tu fiches quoi avec ces ciseaux dis-moi ?

Il avait parlé en prenant cette voix douce comme du miel que tout le monde utilisait pour parler aux enfants sans leur faire peur. Car Kay avait de l’expérience en la matière : il avait déjà apeuré plus d'un enfant qui, effrayés par sa grande taille et sa carrure de footballeur américain, avaient fondu en larmes alors qu'il se contentait de les saluer. Parfois ça peut être bête un gamin, quand même.

La fillette ne semblait pas partager l'engouement du blond. Elle se recula avec des paroles sèches qui l'amusèrent. Loin de perdre son sourire, il observa le visage fermé de son interlocutrice, ses yeux si étranges associée à un air assez... Oui, coincé. Pile le genre qu'il n'aimait pas. Mais Kay était trop 'easy-going' comme on disait chez lui pour decider si il l'aimait bien ou non. Il était encore trop tôt. Pour le moment, il se contenta de la fixer avec cet air amusé d'adulte qui observe un enfant jouant au playground.
Il leva les deux bras en l'air, pour quelques secondes, accompagné d'un "waoh, t'inquiètes je vais pas te manger" puis les baissa, s'appretant à passer son chemin. L'autre continua pourtant, lui intimant d'une voix autoritaire qu'il trouva hilarante :

- Veuillez décliner votre identité et me montrer votre tatouage sur-le-champ, Monsieur.
- Tu es marrante, tu peux me tutoyer hein. Moi c'est Kay. Kay Graysen. Et toi ?

Il avait dit cela d'un ton conciliant, et continua, :

- Tiens, mon tatouage est... Là.

Il tira sur le col de son t-shirt , ne prettant aucune attention au fait qu'il le déformait, pour faire apparaitre son tatouage juste en dessous de sa clavicule gauche.  Pour tenter de faire ami-ami avec l'inconnue et rattraper sa mini gaffe de tout à l'heure, il ajouta :

- Et il est où le tien, hm ?