Comme je suis beau ? Oh, arrête tu vas me faire rougir ... Tu me vois, pourtant, pourquoi veux-tu que je me décrive ?
Commençons par l'extrémité: cheveux noirs, rasés sur les côtés et plus longs au-dessus, un écarteur à l'oreille. Yeux clairs, sourcils foncés, et souvent froncés d'ailleurs, visage aux traits durs et il m'arrive d'avoir la barbe de trois jours, par inadvertance. Ou par flemme, j'avoue. Certains disent que je suis beau gosse, mais pas dans le genre mignon, comme les mecs, tu sais, dans les pubs. Plus du côté "danger" de la chose. Allez savoir ce que ça veut dire.
Je suis musclé, malgré ma petite taille. Je suis d'ailleurs assez fier de ma musculature, et j'aime bien montrer mon torse, juste pour le fun.
Fringues simples, débardeur, veste, jeans, et l'affaire est réglée. Pas besoin de faire du chichi pour faire ce que je fais. Je porte souvent le même collier, un truc que ma sœur m'a acheté pour un de mes anniversaires.

Pas du genre surexcité, je suis d'un naturel calme et j'admet que la nonchalance est plutôt mon fort. Je ne cherche pas spécialement les embrouilles, tant que tu me laisse à mes affaires et que tu ne me cherche pas, tout va bien. Je parle beaucoup, par contre, et souvent pour rien dire, car j'adore fatiguer les gens en disant n'importe quoi, les voir petit à petit s'énerver, c'est un pur régal, je t'assure. Moi, au contraire, je ne me met que très rarement en colère, et en général, quand quelqu'un m'engueule, ou quoique ce soit qui pourrait faire chauffer l'ambiance, j'ai pris l'habitude de sourire, ou de sortir des conneries inappropriées. Histoire de dédramatiser un peu la situation. On me pense timide, ou hautain, selon les personnes, car il est vrai que mon sourire, peu de gens ont eu l'occasion de le voir.
Disons que je viens de retranscrire à peu prêt mes qualités. Braves qualités n'Est-ce pas ? Attends de voir le côté sombre de la chose, alors.
J'ai passé trois ans de ma vie en prison pour mineur. J'aurai dû y rester plus longtemps, mais j'étais trop jeune pour cela, et on m'a considéré comme mentalement instable, ce qui a raccourci ma peine.
Je ne suis pas spécialement net, c'est vrai. J'ai des tendances meurtrières, cela peut agir sous une pulsion, sans raison, mais cela n'arrive que rarement. Il suffit que quelque chose m'angoisse, et je peux littéralement péter un câble. Je ne suis pas héros, loin de là. La preuve, ma principale phobie, c'est les espaces restreint. Un grand gaillard comme moi, claustro ? Et bien ouais ma poule. Je deviens fou, et si en plus de cela, je me retrouve dans le noir complet, tu peux être sûr qu'à ma sortie, il y aura du sang qui va gicler.

Tu es sur de toi ? Accroche-toi alors, je vais essayer de faire court:
Je viens d'Amérique, un coin pas forcément réglo. Ma première victime remonte à mes quinze ans. C'était un pote à moi. Je ne sais vraiment plus ce qu'il s'est passé, apparemment il a commencé à me chercher, il voulait voir jusqu'où je pouvais aller, car il en faut beaucoup pour m'énerver. Et puis il a été trop loin.
C'était en cours, je m'en rappelle. J'entendais les autres crier, certains sont sortis en courant, d'autres se sont blottis dans un coin. Tout s'était passé très vite, je n'en retiens que de vague souvenir. Je me rappelle toutes ces tâches rouges, de partout, ces tâches rouges qui me faisaient mal aux yeux. L'odeur de sang qui me prenait à la gorge. L'amas de chaire reposant en-dessous moi. Avant même que quelqu'un fasse quelque chose, je m'étais évanoui comme une merde, me barbouillant du sang de mon ami.
Puis, vint la longue période d'emprisonnement. C'était dur, les jeunes étaient immondes entre eux, totalement stupides et ignorants. Ils se cherchaient entre eux, se bagarraient, s'insultaient, beaucoup d'insultes, parfois ils étaient vraiment originaux dans leurs paroles. Je me suis battu, aussi, je ne suis pas une exception. Il faut dire qu'ils étaient balèzes pour taper là où ça fait mal psychologiquement parlant.
Je ne dirais rien d'autre, car raconter ma vie n'est pas dans mes habitudes, et certains souvenirs sont trop douloureux.
Depuis ma sortie, je bossais en tant que mécanicien, dans un coin pourri, en Amérique. Mes pulsions meurtrières ne s'étaient pas calmées, et il m'est arrivé d'agresser mortellement sans raison. Je ne suis pas fier de ce que je suis, et si je pouvais tout effacer et carrément disparaître de ce monde, croyait-le ou non, je n'hésiterai pas.

Mais ça, c'est ce que je pensais avant d'atterrir ici. Je n'ai pas compris, et d'ailleurs, je ne comprends toujours pas. C'était la nuit, je traînais dans les rues, seul, lorsque trois racailles me sont tombées dessus, pour me taxer des clopes, qu'ils ont dit. Sauf que ce soir-là, je n'en avais pas, et le pire, c'est que c'est vrai. La suite s'est passé sans grande surprise: l'un a commencé à m'agresser physiquement, et j'ai réagis au quart de tour en me jetant sur lui. Et me voici reparti dans une folie terrible, où tout s'emballe autour de moi, où de vives lumières me brouillent la vue, et où les sons me parviennent en bourdonnement.  
La dernière chose que je me souvienne, c'est que je me sois redressé, ai croisé le regard d'un des deux mecs restants, et un bruit de détonation m'a vrillé les tympans. Puis, la balle, qui s'est figée à quelques centimètres de mon visage. Et un millième de seconde plus tard, avant que je ne comprenne, j'ai été happé par je ne sais quoi, et je suis atterris ici.  
Alors, suis-je mort ? Est-ce ça, le Paradis ? L'Enfer ? Qu'Est-ce que je fous là, et surtout, pourquoi ?