Blablabla... C'est tout ce que j'avais retenu des insultes incessantes de mon vieux avant de l'envoyer bouler, comme d'habitude. Quand je suis arrivé devant chez moi, il se tenait debout, un flingue à la main, criant à toute l'armada Jones que Drake l'impie était là.
Je m'étais alors demandé ce que je serais devenu si on avait été au Moyen-Age ou à une de ces époques que je jugeais primitives pendant lesquelles la religion était au sommet et les bandits pendus. Peut-être même guillotinés. Oui, je ne suis pas si inculte que ça, j'ai retenu des chose après une courte durée dans une école catho. Un minimum.
Enfin bref, qu'est-ce que je disais... Oui. Donc mon vieux m'attendait de pieu ferme devant la porte d'entrée avec ma mère, le gosse et les Purs. Ouais, il fallait me faire coffrer à nouveau, ils étaient là pour ça. Et moi je fumais tranquillement ma clope. C'était marrant à voir comme scène.
Pourquoi ? Bah tout simplement parce que je suis pas resté dehors à regarder cette ridicule et pathétique mini-armée. Pas besoin de savoir comment, mais je suis rentrée chez moi.

Je m'étais ensuite jeté sur mon lit. Mon petit univers à moi quoi. Qu'est-ce qu'on ferait sans un bon lit douillet. Et qu'est-ce que je ferai sans mes réserves de clopes aussi, sans oublier mon bon petit paquet de drogue, ma cible à fléchettes - je ne lançai pas de fléchette dessus, bien évidemment -, et puis toute ma collection de poignards accrochée aux murs et un flingue qui traînait sur mon bureau.
Bref, donc sur mon lit. J'étais bien calé, ma tête lourde s'enfonçant dans l'oreiller, les yeux clos. J'entendais quelqu'un frapper à la porte de ma chambre, mais j'avais fermé la porte à clé histoire d'être tranquille quelques minutes. Mais pour une fois que je voulais dormir, je n'y arrivais pas.
Je m'étais donc levé, et j'avais préparé quelques affaires : ma collection de poignard dans un sac, mon flingue aussi, des fléchettes et c'était bon.

Je ne saurais pas dire pourquoi j'avais préparé tout ça. Un pressentiment peut-être. Toujours est-il que maintenant, je suis bien content d'avoir pris tout ça. Parce que là, je suis paumé devant un hôpital complètement hors service avec des bouts de verres, et de pierres partout. Tout seul, et dans un endroit que je ne connais pas.
Comment je me suis retrouvé là ? Pas la moindre idée. Et j'ai pas envie de rester. Mais genre aucune. C'est quoi ce trou ?! J'avais planifié d'autres choses moi, et ça ne devait certainement pas se dérouler ici. En plus le coin n'avait rien d'accueillant. Pas que ça me gène, parce que j'allais dans des endroits pas terribles non plus. Mais c'est juste le fait d'être là sans l'avoir voulu qui me fait ch*er.

Enfin, je n'allais pas rester là indéfiniment, alors je suis entré dans ce reste d'hôpital. Je me demandais bien quelle genre de personne pouvait venir se balader ici, mais surtout, quelque genre de personne avait pu faire ça. On sait bien que personne n'est fan des hôpitaux mais à ce point. Je m'aventurai un peu plus loin, mais pas trop non plus. Je sentais pas vraiment ce bled. Et puis j'entendis un bruit derrière moi, alors je fis vite glisser un poignard de mon sac à ma poche et je plongeai un main dedans. Puis je fis rapidement volte face, histoire de voir ce qui m'attendait, et éventuellement, ce que j'aurais à faire.

Bon... Un petit "sum up" histoire de réorganiser mes idées. Et savoir si j'avais pas des hallucination pas la même occasion.
Jusqu'ici, je croyais être parfaitement seul. Ce qui était logique puisque vu l'allure du coin, j'étais pas sûr que beaucoup de gens ait envie d'y mettre un pied. Enfin, j'avais vite fait exploré l'endroit avant de revenir à mon point d'arrivée. Le temps que je termine ça et un homme se tenait derrière moi, un clope en bouche et un flingue à la main.
Un clope tiens, ça me donnait envie d'en fumer une aussi. Donc je sortis mon paquet de ma poche, mis ma cigarette en bouche et... Bref, je commençai donc à fumer.
Et puis ensuite, je me mis à observer longuement cet homme. Déjà, il avait l'air stupide, mais bon, c'était la même pour tout le monde d'après moi donc ça ne comptait pas vraiment.
Je lui donnerais quoi... ? Allez, la trentaine, quelque chose comme ça. Et il était grand. Ce qui faisait de lui un abruti. Oui j'ai une logique qui m'est propre, et à mon sens, quelqu'un de grand qui pointe un flingue sur quelqu'un sans raison est un abruti. Je ne manquerais pas de lui faire remarquer.
Je replongeais donc dans ma réflexion. Au premier abord, ce mec me faisait un peu penser à Mickael. C'était sûrement ce qui faisait qu'intérieurement, je le sentais pas du tout. Mais bon, il lui ressemblait juste un peu physiquement donc je pouvais pas le juger tout de suite.

- Tu croyais être discret ? Parce que si telle était ton intention, bah, on va dire que c'est un peu foiré, désolé...

Expliquez-moi. Dites-moi pour quelle raison j'aurais voulu être discret si je me croyais seul dans ce bled pourri jusqu'au cœur de la pierre. Nan mais sérieusement, quand on voit des gens, avant de les aborder, on réfléchit un peu nan ? Surtout quand on est un mec sappé comme James Bond qui pointe un flingue sur le premier venu.
M'enfin, j'allais pas prendre trop de risque, parce que je n'étais pas certain que le pistolet que j'avais soit chargé, ou qu'il y ait assez de balle. Et je n'avais qu'un poignard à portée de main, les autres étaient dans son sac.

- T'es stupide mon vieux. Pourquoi j'voudrais être discret si j'pensais être seul.

Je retirai ma cigarette de ma bouche pour souffler une épaisse volute de fumée blanche. Je m'appuyai ensuite contre un mur à peu près stable, posant mon sac à coté de moi, sans lâcher cet homme du regard.

- On va parler un peu si tu veux bien... Bon, tu comprends que je veux qu'on parle, et que donc t'as pas tellement le choix.

Un nouveau souffle de fumée et je jetai au sol ma cigarette entièrement consumée. Pui je croisais les bras, et cet air narquois, habituel et propre à moi même, pris sa place sur mon visage.

- Alors James Bond ? Tu sais où on est ?

Au secours, aidez-moi quoi ! C'est qui cet abruti de James Bond qui se pointe sur mon chemin comme ça. Je t'ai demandé une chose mon vieux, une seule. Alors pourquoi me provoquer hein ? Nan mais sérieux, faut arrêter, j'ai pas chercher la merde moi. Enfin, pas encore...

- Toi ? Me donner des ordres ? Je sais pas si t'as remarqué, mais à part si t'es superman, t'es pas en position de force mon petit !
- Mais t'es un peu con toi nan ? Tu sors de quel bled papi ?
Je donnais ordre si je le voulais, et j'étais en position de force si je le voulais. Il avait cru que c'était son petit flingue qui me ferait peur ou quoi ? Franchement, quelle blague. Il parlait à Drake Jones, pas à une être ridiculement ridicule et pathétique. J'avais pas le temps ni l'envie de jouer maintenant. S'il cherchait à m'énerver, il aurait du mal et à le faire, et à le voir.

- J't'ai posé une seule question, accessible au plus profond des abrutis, alors tu pourrais répondre.

Je l'aimais pas ce mec, mais genre pas du tout.

- Mais bon soit, parlons, tu veux savoir où on a atterri ? Bah je dirais dans un hôpital au vu de l'entrée avec "urgences" marqué dessus, mais je suis pas sûr, hein !

Entre temps, j'avais commencé à jouer avec des cailloux. J'en lançai un "malencontreusement" vers l'autre abruti.

- Oh, il m'a échappé...

Est-ce qu'il y avait marqué "imbécile" ou "gros con" sur mon front ? Mais fait ch*er quoi ! J'étais pas de son genre moi. J'aimais pas son air supérieur là, ça me donnait envie de lui balancer un poignard en pleine gu*ule histoire de le calmer. J'avais pas la tête de quelqu'un à rabaisser, et ce genre de chose n'arriverait jamais, alors s'il voulait qu'on parte sur de bonnes bases, valait sûrement mieux qu'il revoit sa façon de faire, parce que je faisais assez d'effort pour rester cool moi.

- Ecoute papi, on va la jouer calme et réglo, ok. Si tu restes cool et que tu ne te montres pas plus abruti que tu ne l'es déjà, j'resterai cool aussi. Parce que tu vois là, tout ce que tu me montres, c'est que t'es stupide. Et chez moi, les gens stupide, il servent à rien, tu comprends ? Si c'est trop compliqué, j'peux t'expliquer tout ça avec des dessins si tu veux... Enfin, j'le ferai pas bien sûr, j'suis pas assez sympa pour ça. Mais on sait jamais, j'fais toujours la proposition.

Et si j'allumais une autre cigarette, pour passer le temps ?
Après avoir soufflé la fumée, je repris avec mon même air narquois.

- Donc... J'recommence, histoire que tu comprennes bien. C'est quoi ce bled ? Et toi, d'où tu sors ? C'est compris ?

Je tirai encore une fois sur ma cigarette et je soufflai après. J'aurais jamais pensé que je ne tirerais pas dessus une autre fois après. James Bond avait carrément tiré dans ma cigarette. Avec son flingue là. J'avais juste eu le temps de lâcher la cigarette après avoir perçu le bruit subtil de la gâchette. Sans quoi, ma main aurait été trouée.

- Désolé petit, elle m'a échappé.

On n'a pas d'humour papi ? Comme c'est dommage. Je cherchais pas vraiment à deviner ce qu'il voulait. Autant le laisser dans ses espoirs et entrer dans son jeu. Après tout, ça faisait passer le temps. Je voulais pas, ça m'ennuyait, mais s'il n'y avait que ça pour faire jouer ce grand enfant...

- Oh et puis tu devrais le savoir à ton âge que fumer c'est mal ! T'es un grand garçon nan ?
- Yes Dad ! Et c'est pourquoi je ne me contente pas que de cigarette comme celle-ci.

Dad... Papa... Quel mot horrible, on devrait le supprimer du dico, c'était une véritable insulte à la dignité masculine du fils d'un homme sérieux. Je haïssais ce mot à un point inimaginable, alors pour que je l'utilise, c'était vraiment que je voulais me foutre de sa gu*ule. Le jour où j'aurais besoin des conseils d'une tierce personne, aussi ironique soient-ils, n'était pas encore arrivé. Je me conseillais déjà bien moi-même, ça me suffisait largement.

- Perso, tout ce que je sais par rapport à cet endroit c'est qu'on va y rester un bout de temps alors tu va devoir t'y habituer...

Oh nan c'est pas vrai. Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter de tomber dans ce bled pourri ? Et pourquoi je devais tomber sur des gens plus qu'inutile ? Mais que quelqu'un m'aide quoi, je sais pas. Me laissez pas comme ça. J'avais des choses de prévues, et je voulais pas rester là. Et puis qui m'avait lâché dans ce trou d'abord. Moi à la base, je dormais tranquille dans mon lit. P*tain, fait ch*er.

- J'compte pas rester dans ce bled.

Je trouverais bien un moyen de me casser de là. Mais je resterai pas, ça, c'était juste pas possible. Nan mais, vous avez vu l'endroit ? L'hosto tombe en miette, y a des bouts de verre partout, les murs tiennent même plus, alors j'imagine même pas l'état des autres endroits. Je resterais pas là.
M'enfin, avant que je trouve un moyen de me tailler d'ici, je devais bien trouver un moyen de m'amuser un peu, et aussi, je devais trouver d'autres gens avec qui rester. Nan parce que ce mec-là, si on devait passer notre temps ensemble, on finirait par s'entre-tuer.
Je ramassai un caillou au sol et commençai à jouer avec après avoir sorti une nouvelle cigarette.

- Enfin... Dis moi, James Bond, vu qu'on est cloîtrés dans ce bled, y a bien d'autres choses que tu sais nan ?

Et encore une fois, je soufflai la fumée. Cloîtré dans ce trou, nan... Hors de question que j'y reste. Je trouverais forcément un moyen pour me tailler. Et puis, il n'y avait quand même pas que nous deux ici. Si James Bond n'était pas de mon avis, d'autres gens un peu moins abrutis que lui le seraient sûrement. Enfin, dîtes-moi quelle personne normale n'aurait pas l'idée de trouver une façon quelconque de quitter cet endroit fait pour des tarés visiblement.

- Heu... Nan j'en sais pas plus mon petit mais bon quand bien même j'en saurais plus que ça, t'es pas en position de m'obliger à te le dire alors moi j'm'en fous... J'ai pas envie de répondre à un gosse en manque d'affection qui est tout le temps de mauvaise humeur "j'aime  pas ci" " je compte pas rester ici"... Ça te montre juste débile en fait mais bon tu continues si tu veux...

Ça aurait été cool s'il fermait sa gu*ule lui aussi. Parce que des réponses comme ça, j'm'en passais facile. Sérieux, je sais pas ce qui me retenait de lui balancer un poignard dans la tête. Putain, à vingt-et-un ans on a une tête de gosse, mon vieux c'est pas parce que t'as dix ans de plus que tu peux prendre les gens de haut.
Il le méritait bien son surnom.

- Tant que je reste avec toi papi, j'en ai rien à faire.

J'étais ironique bien sûr. Moins je le verrai mieux je me porterai. Parce que d'une part, je supportais pas sa tête à ce mec-là, et d'autre part, j'avais jamais blairé James Bond et ses histoire à mourir d'ennui. Nan franchement. Et puis j'aimais pas les costards et ce genre de conneries. En fait, tout ce qui intéressait chez ce mec, c'était ses armes, parce que j'adore les arme. Enfin, mes cailloux étaient plus intéressants.

Et puis soudain, allez savoir quelle mouche l'avait piquée, il se mit à faire des acrobaties. Mais bon sang, sauvez-moi ! Je sais que je suis pas quelqu'un de bien à qui on peu accorder quoi que ce soit, mais m'infligez pas ça !
Enfin, il s'arrêta bien vite, parce qu'un bruit étrange venait de retentir. Quelque chose de métallique...

- Oh p*tain !

Mais c'était quoi ce truc ! Ca ressemblait à un homme, mais ces ciseaux à la place des mains, ces cheveux en broussaille et cette tête indescriptible donnait l'impression du contraire.
Je ramassai mon sac, sortit quelques poignards en plus et reculai d'un pas. Puis je cachai ma cigarette qui alla s'écraser quelques mètres devant moi, encore fumante.

- Bon papi, tu fais quoi ?

J''avais tout un tas de truc dans la tête. Des questions, des incompréhensions, de la colère, de l'indignation, cette envie de continuer à me foutre de mon ami le papi. Mais visiblement, ce n'étais plus le moment de s'amuser.
Ce truc qui était là devant nous était si inhumain. Mais bordel, c'était quoi ce bled sérieusement ?
Le vieux avait arrêté ses acrobaties ( soit dit en passant, quel genre de personne normale se met à faire des acrobaties de la sorte dans un hôpital complètement défoncé, avec des bouts de verre partout, et surtout, avec des armes sur le dos... ) et avait sorti ses flingues rapidement.

- Heu..? Tu te bouges ? Nan parce que là il va juste te tuer,et très vite a en juger pas la vitesse a laquelle il a foncé sur ce lit et avec quelle hargne il l'a découpé je donne pas cher de ta peau si tu te décide pas à te bouger très rapidement.

« T'es bête toi, j'suis déjà armé, j'attends de voir ce que ce truc va faire. »

C'était que je voulais lui répondre, mais j'avais à peine eu le temps d'ouvrir la bouche que la chose me fonçait dessus, ses grands ciseaux bien tranchants pointés sur moi.
Et c'était pas passé d'un cheveux pour moi. Mais papi avait foutu un coup dans la bestiole, et elle avait dévié. Elle s'était enfoncée dans le mur derrière moi, et à quelques centimètres seulement, mais elle ne m'avait pas touché.
Intérieurement, je pestai, et je ne pus m'empêcher de lâcher un juron. J'allais lui être redevable maintenant, j'en étais sûr.

- Oh ! Bouge toi ! Tu veux crever ? Bon, si c'est ça,tu peux rester ici et demander à ton tueur un autographe.

Je reculai pour rejoindre le vieux, sans pour autant lâcher la chose du regard.

- Je compte pas crever maintenant moi. Alors l'autographe, je m'en passe. Sauf si t'as la bonté d'aller le demander pour moi, j'suis un peu timide, ça se voit pas ?

C'était trop tentant, je ne pouvais qu'être ironique avec ce mec.
Enfin, blague à part, je redevins sérieux. J'avais entendu un bruit qui provenait de la bête. Évidemment, c'était beaucoup trop beau pour que ce soit déjà fini. La chose était en train de s'énerve contre le mur, ayant du mal à se déloger. Sans compter qu'il y avait d'autres bruits ailleurs.
Bon sang, si ce truc était là et qu'il en avait d'autres, on n'avait pas fini.

- On dirait que d'autres trucs veulent participer à la fête...

Il fallait qu'on se taille de là. Enfin, si papi préférait rester, c'était son problème, mais moi je restais pas là avec des trucs prêts à nous découper la tête. Et autant dire que dans une telle situation, en se la jouant solo, on aurait du mal à s'en sortir.

- Y avait des salles vides plus loin. Alors j'te propose un truc, libre à toi d'accepter mais là je suis sérieux. Et ça arrive pas souvent. Enfin, j'pense que t'as compris que là, y a d'autres trucs dehors, prêts à rentrer. En restant là, on a toutes les chances d'être découpés. Libre à toi de choisir, perso, moi je vais prendre le temps de réfléchir à une solution dans ces salles.

Si on pouvait trouver un plan pour se tirer de là, excellent. Mais je finirais pas découpé en deux.
Je jetai tour à tour des regards entre le monstre aux ciseaux qui était là et la sortie. On n'était pas vraiment à un point stratégique.

- T'es ok ou pas ?

On aurait dit que papi se chauffait un peu au vu de la réponse qu'il m'avait donner. J'avais envie de lui répondre que je ne pouvais rien lui dire d'inconnu à ses yeux, après tout, c'était un papi, il devait savoir beaucoup de choses, mais la situation ne me permettait plus de m'amuser, pour la simple et bonne raison que je risquais ma peau. Et que c'était l'un des rares moments ou je pouvais être particulièrement sérieux.
Après tout, même si la plupart des gens me voyait comme un gosse de richesse provocateur et arrogant, tant mieux, c'était l'image que je voulais donner. Mais moi, je n'étais pas qu'arrogant, j'étais stratégique aussi, et souvent, les gens manquaient de le remarquer... Ou n'en avaient pas l'occasion, ou étaient tout simplement trop stupides pour le voir, un peu comme mon père qui ne voyait en moins qu'un monstre à emprisonner.
Enfin peu importe, il fallait qu'on se tire, en restant dans ce couloir, on se ferait découper en moins de deux.

- Ok pas de problème et même si elles viennent sur nous, o aura plus de place pour esquiver, je pense qu'on a plus de chances effectivement... Bon ? C'est par où ? Faudrait y aller vite car les bête commence à défoncer la porte...Sinon tu connais pas mon nom, moi c'est Alex, et toi c'est quoi ton p'tit nom ?

Sa question fit réapparaître mon air narquois sur mon visage. Décidément, c'était difficile de rester sérieux.

- Moi c'est Drake. Mais soyons d'accord dès maintenant.

Mon sourire s'étira, plus narquois encore.

- Tu resteras mon papi préféré quoi qu'il arrive.

Je ramassai enuite mon sac et le mis sur mon dos. Puis reprenant un air bien plus sérieux, j'observais la disposition du couloir. Nous n'aurions pas beaucoup de temps avant que les autres bestioles défoncent la porte. La première paire de ciseaux sur patte étaient encore dans le mur et semblaient y être bien enfoncée. Pour rejoindre les salles, il allait falloir passer derrière, et rien ne nous garantissait un passage sûr. Mais bon on avait pas le choix de toute façon.

- Il faut qu'on passe derrière ça, dis-je en pointant la bête. On aura cinq minutes à peine avant que la porte de tombe. Il faut qu'à ce moment-là, on soit enfermé dans les grandes salles. D'accord ?

Ceci étant dit, je jetai un coup d'oeil à ma montre. Le temps que je m'assure que papi était d'accord, trente secondes s'étaient déjà écoulées, ce qui nous laissait quatre minutes trente. Je me dirigeai donc rapidement vers l'extrémité du couloir pour m'engouffrer dans un dédale de gravat. Trois minutes trente. Une minute pour traverser tout ça, c'était un temps à retenir pour le moment où on devrait partir de cet hôpital. Une minute. On avait mis beaucoup trop de temps pour atteindre les salles, j'avais entendu la porte s'effondrer.

Je ne m'arrêtai pas pour autant dans ma course. Au contraire, je sentais l'adrénaline monter en moi. Si j'avais été surpris en voyant cette espèce de monstre la première fois, ce n'était absolument plus le cas.
Je jettai un coup d'oeil derrière moi. James Bond était toujours là dans toute sa splendeur.
Un sourire narquois se dessina sur mon visage. Je ne pouvais pas chasser le naturel très longtemps, et l'envie de me moquer de mon papi préféré m'avait vite reprise. Enfin, l'heure n'étant pas à la blague, je fus contraint de me raviser. J'en aurais tout le temps de toute façon.

- On y est.

Devant nous, des portes étaient encore debout, tenant sur un reste de gonds rongés par la rouille. De toute évidence, elles tomberaient lorsque nous serions entrés. J'en poussai une qui résista miraculeusement. Papi entra ensuite et je me débrouillai pour fermer la porte.
Dans la salle, il y avait une fenêtre, brisée bien entendu, mais toujours là. Des morceaux de verre assez coupants traînaient encore au sol. Il y avait une armoire entièrement défoncé et un bureau cassé tel que les morceaux de bois donnaient l'impression d'être des pieux. Il y avait de quoi blesser quelqu'un, ce qui était étonnant, dans ce genre d'endroits désaffectés, les choses de valeurs et les choses dangereuses étaient souvent volées.

- T'as d'jà fait un tour par ici, grand-père ? demandai-je en prenant un morceau de verre.

Je savais bien que ce n'était pas le cas. Je lançai mon bout de verre sur la porte, m'imaginant un cible improvisée. Je me tournai ensuite vers la fenêtre afin d'observer son état. Il n'y aurait aucune difficulté à retirer le verre restant, et la fenêtre était assez grande pour passer. Je me mis au travail, retirant minutieusement chaque morceau de verre. Lorsque ce fut fait, je me penchai à la fenêtre. Il n'y avait rien d'autre qu'un buisson mort.

- Parfait.

Je sautais le premier, ne m'inquietant pas de savoir si Papi me suivait ou pas. Poignard dans la main, je restais aux aguets. On ne pouvait pas prévoir.
L'endroit paraissait plutôt calme. Je remis mon arme en poche et poussai un soupir. J'étais libéré de James Bond. Enfonçant mes mains dans mes poches, je me mis en route.

" Prochaine étape, me barrer d'ce bled. "