Le roi des dieux apparut dans son monde dans un étincelant éclair de lumière blanche. La lumière qu'elle émit se refléta sur les vitres brisés et les carrelages sales de la galerie du centre commercial. Au moins, avait-il bien visé. Dans son costume blanc, le dieu le plus créatif du panthéon regarda les alentours, avant de faire un pas. Son soulier blanc heurta un débris, et ce dernier rebondit le long de l'allée couverte, rompant le silence. Toujours aussi sale, ici, se dit en son for intérieur Lumière, avant de détailler le nom des boutiques qui était à peine visible dans la lumière du couchant. Boutique de fringue, de jeux, opérateur mobile, joaillerie… Il y avait vraiment de tout, et surtout, rien de bien original, dans ce lieu. L'être divin se dirigea alors vers la joaillerie. Puisque le jour tombait, autant se faire quelque chose de pratique et de facilement dissimulable pour voir. Ce n'est pas que le roi des dieux craignait quoi que ce soit, c'est juste qu'il ne tenait pas à se manger la tronche devant un individu quelconque.
En entrant dans la boutique, le roi des dieux soupira. Il avait besoin d'une montre pour faire ce qu'il voulait… Et il ne l'avait pas fait apparaître. Pourquoi ? Et bien… Le roi des dieux ne souhaitait pas user d'une trop grande énergie alors que la guerre divine venait d'être déclarée, puisque cela reviendrait à dévoiler sa position. Il ne souhaitait donc rien créer de sa main, et allait se contenter d'altérer le fonctionnent d'un objet pour agir de manière discrète. En inspectant la boutique, qui était d'une propreté approximative, le roi finit par trouver ce qu'il voulait : une montre à gousset assez grosse pour tenir dans son poing, et avec un cadran suffisamment grand pour pouvoir être utilisé. Lumière se fendit d'un sourire, avant de murmurer quelques mots en une langue qui n'existait que dans un autre plan d'existence. Aussitôt, une lueur éclatante jaillit du cadran de la montre. Le Dieu dirigea cette lueur vers ce qui se trouvait devant lui, et fut rassuré : il pouvait s'en servir comme lampe torche sans aucun problème. Alors, il utilisa la chaîne de la montre pour accrocher l'objet lampe-torche à sa main. Il n'avait qu'à tendre le bras pour voir ce qui se trouvait devant lui, désormais. De plus, en fermant la montre, il pourrait sans problème dissimuler la lueur.
Lumière retourna dans la galerie avec son nouvel outils, qui ne lui avait pratiquement pas coûté d'énergie à fabriquer. Avec cela, il ne risquait pas d'être repéré ! De plus, le roi des dieux avait été prévoyant avant de partir : il avait pris avec lui son sabre déicide, sa cape pare-balle et son hoverboard. Il avait donc largement de quoi se protéger et éviter les désagréments si un clan venait à le déranger. De plus, avec sa planche volante, il disposait d'un moyen de transport pratique et simple d'usage, pouvant atteindre une vitesse assez élevée. Le roi se lança donc dans les airs, avec un sourire, et atterrit sur sa planche. S'en suivit un voyage en surfant sur l'air jusque la base des Cœurs, tandis que la lampe-montre lui éclairait la route.
Pendant le voyage tranquille, le roi des dieux se perdit dans ses pensées. Il essayait de deviner où ses frères, impliqués jusqu'au cou dans la guerre, allait tenter de se cacher. Il savait de source sur qu'Hurlement, Dissidence, Ordre et Flore était impliqué dans la bataille, mais ignorait certain événement qui n'allait pas tarder à se produire. Comme le fait qu'Aboutissement allait modifier la trame temporel pour prendre la place de Dissidence, ou que Cauchemar allait prendre par au conflit. Mais pour le moment, le chef des dieux faisait avec les cartes qu'il connaissait. Sa famille allait sans doute fuir son « incommensurable » puissance et se cacher parmi les humains qui leurs ressemblait le plus. A vue de nez, le roi aurait dit que Flore allait rejoindre les Trèfles, Ordre les Carreaux, Hurlement les Piques, et que le dernier, Dissidence, allait rester neutre. Il ne restait donc qu'à convaincre les cœurs de se mettre à son service, et d'aller exterminer les autres clans. Trop facile, en somme.
Le roi arriva devant la base des cœurs, c'est à dire l'Atelier du Chapelier fou. Rangeant son hoverboard dans un coin, le roi des dieux prit une grande inspiration en contemplant le bâtiment délabré. C'était miteux, mais il fallait bien un endroit comme ça pour les cafards. Alors, le roi donna un vigoureux coup de pied dans la porte pour la faire voler, et entra dans la pièce. Sans faire attention à l'ébahissement des cœurs, il alla tirer la chaise la plus confortable vers lui, et prit place dans celle-ci. Il posa ensuite les pieds sur la table, et en vira les quelques objets, avant de regarder les pauvres humains coincés dans ce bâtiment et de dire, sur de lui.
« Amenez-moi votre roi, les cafards. »