• Physique.
Grand ♦ Blond ♦ Mèches rose sur le devant ♦ Piercings arcade/oreilles/lèvre inférieure ♦ Fringué à la va vite ♦ Cicatrices et bandages de partout ♦ Souci avec son oeil gauche ♦ Souple ♦ Agile
• Histoire.
I. AmenoGenèse 9.5. Votre sang aussi, qui est votre vie, j'en demanderai compte ; j'en demanderai compte à tout animal qui aura tué un être humain, comme à tout être humain qui aura tué son semblable ; je demanderai compte de la vie de l'homme.
Cet enfant ne devrait pas être né. Il est le fils du diable, un déchet, il n’a pas sa place dans notre monde. C’est une hérésie, une offense à dieu. Cet être n’est que le fruit du péché. Comment un prêtre a pu donner un enfant à une religieuse ?! C’est une honte. Ce n’est qu’un bâtard envoyé par Satan en personne.
L’enfant illégitime d’un homme de dieu ne peut rester dans le sein de l’Eglise, il se doit de mener une vie irréprochable loin de notre terre sacrée. Ainsi, il expira les fautes de ses parents à travers sa vie. Si quelqu’un apprenait que le berceau du pape a subit un tel affront envers Dieu, cela signerait notre fin.
Vatican – 1988
Le vent souffle fort, faisant tournoyer la girouette du toit de l’église. Nord, est, sud, ouest, nord, nord, nord. Cela fait plus d’une heure que la nuit est tombée sur ce petit coin perdu aux abords de Los Angeles. Tout est si calme, paisible, habituel en somme. Alors, lorsqu’une porte de voiture claque bruyamment, suivit par les cris d’un bébé, cela réveille le prêtre dans un sursaut. Ce dernier, qui vient à peine de sortir, aperçoit une voiture s’éloigner dans les ténèbres, il baisse le regard et voit un nourrisson à ses pieds, à peine âgé d’une semaine. Le petit garçon, blond, pleure si fort que le prêtre croit entendre un nouveau né entrain de déployer ses poumons pour la première fois. Sent-il qu’on vient de l’abandonner ?
- Mon dieu, qui peut laisser dehors un enfant en cette nuit si glaciale ? Se demande l’homme de foi en prenant dans ses bras l’enfant à peine couvert.
Et c’est en soulevant le blondinet, qu’il remarque qu’un mot s’échoue doucement sur le sol. Un bout de papier vulgairement arraché où est griffonnées deux pauvres phrases en italien. À son recto, se présente « Figlio del diavolo » et en son verso « Il peccato di due religiosi ». Fils du diable, le péché de deux religieux. Si cela est bien vrai, alors le prêtre tient dans ses bras un jeune garçon, italien et fruit d’un crime religieux. Mais ce dernier ne connait pas cette si belle langue qu’est l’italien, ainsi, il range le papier dans sa poche et retourne dans l’église.
Malheureusement, le prêtre remarque que quelque chose cloche chez cet enfant. Son œil gauche semble avoir une malformation, comparée à son œil droit. Un peu gonflé et complètement fermé.
Le lendemain matin, l’homme décide qu’il n’est pas apte à élever un enfant et l’emmène donc aux services sociaux de Los Angeles, la ville la plus proche. Pas de nom, pas de date de naissance précise ou encore un visage à associer à cet enfant. Mais il revint quand même au prêtre de nommer cet enfant.
- Shade, car il portera en lui l’ombre de ses parents qui l’on abandonné.
Sauf que l’ironie du sort frappe de nouveau. La femme qui tient le dossier, peu réveillée, marque « Sheyd » sur le papier de « naissance ». Même son nom n’est qu’une faute de frappe. Tout chez lui n’est que faute.
Bienvenue au monde, Sheyd.
Coin paumé – 1988
II Sail- Mamaaaaan ! Sheyd vient de manger un papillon ! S’époumone un enfant d’à peine cinq ans en courant vers sa mère.
La scène se passe dans un jardin d’une maison de famille bourgeoise. Tout est beau, bien pensé, parfait dans son intégralité. Même la mère est parfaite. Un beau chignon, de beaux habits, une belle dentition et une posture digne de la première dame du pays. Le père travaille, le fils biologique, lui, le pourri gâté, pleure dès qu’il le peut.
Sheyd n’est là que depuis quelques semaines, après avoir collectionné pas moins d’une dizaine de familles d’accueil. Et chacune l’a rendu aux services sociaux, car elles étaient soit temporaires, soit ne souhaitaient pas le garder. Trop étrange. Dangereux pour les autres enfants. Hyperactif. Ingérable. Beaucoup d’excuses, bonnes ou stupides, mais qui n’ont qu’un seul résultat : personne ne veut de lui.
- Oh non, Sheyd, pas encore, arrêtes de manger n’importe quoi ! Affolée, la bonne femme court retirer le papillon de la bouche du petit garçon seulement âgé de huit ans.
Θ Hmch ! ‘ais euh ! C’est pas de ma faute si c’est meilleur que c’que tu nous fais à bouffer ! Rigole fortement le petit blond, avant de partir en courant.
Son éducation ? C’est par ci, par là, mais jamais vraiment là. Le vouvoiement, qu’est ce que c’est que ça ? La bonne tenue ? C’est dans les films, ça n’existe pas. Alors quand on passe de famille en famille, entre les papouilles ou les coups, les bonnes manières ou la vie à la dure, on devient difficile.
Mais lorsque le petit diable se remet face à la femme avec de nouveau un papillon… enfin, un reste d’insecte dans la bouche avec un grand sourire insolent, il n’y a plus de self-control. Bam. La main part et claque la joue juvénile du petit Sheyd. Il cligne des yeux en regardant sa mère d’adoption, ne comprenant pas ce qu’il vient de se passer. La mère se rend compte de ce qu’elle vient de faire et se confond en excuse, tout en serrant le garçon dans ses bras.
Θ Euuuh…
- Je suis désolée mon ange, je ne voulais pas te frapper, mais c’est partit tout seul !
Θ Euuuuuh…
- … Sheyd ? Ça va ?
Θ T’abuses vraiment sur le parfum, tu sais… mais je t’aime bien ! Tout innocent, le garçon serre la femme dans ses petit bras, tout heureux qu’on s’occupe de lui.
Plus tard dans la soirée, alors que le soleil se couche, Sheyd regarde le grand bâtiment qu’il commence à très bien connaitre. Et tout en soupirant, il rentre dans les locaux des services sociaux puis se dirige vers le bureau de la femme qui gère son dossier.
- Oh non, Sheyd, pas encore toi…
Grimpant sur sa chaise, après avoir balancé sa peluche d’ours sur le bureau de la vieille dame, le petit diable croise les bras.
Θ J’crois qu’elle a pas aimé quand j’ai fait tomber sa collection de vases mung… dans l’genre. Mais ils étaient vraiment moches ! Puis quand j’ai coupé les poils du chien, vraiment trop long, ou quand j’ai tiré sur les rideaux, pas assez de lumière… J’sais où elle range son balais maintenant. Dit-il avec un air grave en se grattant la tempe.
Los Angeles – 1996
- Allô ? Oui, ici madame De Vicenzi, la mama adoptive du petit Sheyd.
Caché dans un coin de la pièce, le dénommé Sheyd, du haut de ses dix ans, est entrain d’espionner cette fameuse mère adoptive qui a la combiné collé à l’oreille et qui parle sûrement aux services sociaux. En cinq ans, il a encore vu plus de familles d’accueil que cela est possible d’en voir. Il a atteint la quarantaine. Tout va de mal en pi, et ce n’est pas faute d’y mettre du sien. Gentil, serviable, toujours prêt à faire des câlins, doté d’une grande émotivité, touche un peu à tous, comme les armes, les médicaments, le paillasson… puis finit par se faire renvoyer comme un ingrat dangereux et ayant une case en moins.
- Je ne peux pas le garder ! C’est le fils de Satan, il est l’enfant d’un prêtre et d’une religieuse, c’est une honte !
Sheyd cligne des yeux en se demandant si c’est bien lui, le sujet de cette discussion. C’est vrai, il ne connait rien de ses origines et s’en fiche, quelque part. Mais maintenant, il sait, et qu’est ce que cela change à sa vie ? Rien, à part le rejet.
- Je le sais car c’est marqué sur le papier dans son dossier… oui, celui en italien ! Le diable vit en lui, ce garçon a besoin de se faire soigner !
Toujours dans son coin, il se recroqueville et sert son fidèle nounours contre lui, sans comprendre, laissant des larmes couler le long de ses joues enfantines. Non, il ne se sent pas si différent pourtant. Est ce vraiment lui qui a un problème ?
Θ Ils sont tous méchants avec moi… mais je sais que Dieu veille sur moi, je le sais car il me l’a dit… un jour, ils payeront… hein Teddy ?
Los Angeles – 1998
III House of the rising sunElle est bien, cette famille. Pas trop bourgeoise, sans non plus ressentir le besoin de chercher l’argent dans le moindre caniveau. Bon, toujours à dire que Sheyd est étrange, mais ils étaient prévenu, puis au bout de quatre vingt cinq familles d’accueil, fallait bien que la dernière soit la bonne. La mère ne travaille pas, le père, lui, est un auto-entrepreneur dans le secteur du bâtiment. Une famille catholique qui croit en l’être humain. Depuis qu’il est né, Sheyd n’a connu que des familles catholiques pratiquantes, alors de ce fait, il croit en dieu. À sa façon. Dieu est, et sera toujours avec lui.
L’école, ce n’est pas vraiment son truc, au blond. L’état de son œil gauche ne s’est jamais amélioré et lui a valut de nombreuses moqueries, surtout à le traiter de fou. De nombreuses fois, il a pleuré et tabassé des camarades. Tant pis pour eux, ils n’avaient qu’à pas. Il a déjà redoublé deux fois et séché près d’un an de cours. Il ne trouve pas ça intéressant, trop compliqué et cela lui demande beaucoup trop d’attention. Attention qu’il n’a pas, car il passe sa vie dans la lune ou à courir partout. Puis un prof, ça hurle tout le temps, et toujours sur sa personne.
Depuis quelques années, ses fréquentations ne sont pas les meilleures, pas les pires non plus. Les jeunes camés du lycée, ceux qui ne cherchent pas les emmerdes et vivent leurs vies dans leurs coins. Oui, c’est comme ça qu’il commence à prendre de la drogue dure, et il adore ça. Même si en obtenir n’est pas chose aisée. La première fois ? Il avait quinze ans, il s’en rappellera toujours, de ce premier rail de coke.
Le temps passe, il sort de plus en plus malgré les remontrances de ses « parents ». De toute manière, avec les cinq autres gamins à surveiller, ils n’ont pas le temps d’être toujours derrière son dos. Surtout qu’ils ne sont pas tendres, eux non plus. L’une des filles passe sa vie à retirer un centimètre de tissus dès qu’elle le peut et à se faire sauter par le premier motard qui passe. Ou encore le petit dernier, la victime de son école, combien de fois Sheyd est allé le chercher pendu par le caleçon à son casier. Puis faut être con, pour faire encore ce genre d’emmerdes, c’est d’un retro. Ainsi, après avoir fréquenté des gamins qui se cherchent, sans vraiment se trouver lui-même, Sheyd grimpe dans l’échelon social de la drogue. Il traine avec des dealers, puis des mecs peu influents de la mafia. Un cercle vicieux commence à s’installer autour de la drogue et ce qui va avec ; argent, territoires…
Faut dire, qu’avec son côté extravagant, bon vivant et casse-cou, les gens l’apprécient rapidement. Puis se méfient tout aussi vite. « Etrange, ce môme. » Dix huit ans et il arrive déjà à manier la seringue comme un pro, à dealer comme un pourri et à avoir ce qu’il veut. Quand il le veut. Quelque part, il leur fait peur. On le croit stupide au premier abord, à le voir tout sourire et un peu attardé sur les bords. Mais lorsqu’il déjoue toutes vos magouilles, démonte vos hommes un à un et termine par récupérer son dû comme un enfant ayant ses friandises… on se demande s’il est normal. Non, on ne se le demande même plus.
Sauf que tout ne peut-être parfait, sinon cette histoire n’aurait pas lieu d’être contée. Vivre dans une famille plus ou moins normale alors que lui est vraiment différent, cela finit par créer des désaccords.
- Tu veux te droguer ?! Très bien, mais je ne veux pas que tu ramènes tes saloperies ici ! Dégage !
Θ Mais c’est quoi le problèmeeee ? Woooh… okay, okay, j’me casse !
Dans la tête du père, ce n’est que pour une nuit, le temps que son fils comprenne. Or, pour le fils, c’est un moyen de redécouvrir un peu plus le monde de la nuit. Les drogues diverses, les camés et la came, les lieux de commerce et… la nuit. Mais la drogue d’abord.
Los Angeles est une ville plus vivante la nuit que le jour. Du haut de sa tête blonde de dix huit ans, c’est une merveille, tant de couleurs dans un endroit concentré. Son regard va à droite, à gauche, les mains dans les poches, il ne regarde pas vraiment où il va. Nombreuses sont les personnes qu’il cogne avec ses épaules ou coudes. Les gens lui râlent dessus. Sheyd ? Il leur sourit sans rien dire et continue de marcher. Mais à ce jeu là, il vient de trouver plus fort.
Bam.
Couinant, il se retrouve par terre après s’être heurté à quelqu’un. La mine renfrognée, il se masse le bas du dos.
Θ Wuh, désolé mec, je t’avais pas vu.
En redressant son jeune minois, de nouveau sur ses jambes, il se retrouve nez à nez avec un colosse qui doit toiser près de vingt centimètres de plus que lui, les cheveux attachés en arrière, les traits fins. Oh mon dieu, ça sent le chinois pas content. Encore, s’il était seul cela pourrait être jouable, mais les mecs peu fréquentables à ses côtés ne lui donnent pas des airs très… sympathique.
- Boss, vous voulez qu’on lui fasse sa fête à ce môme ? Lâche un des hommes en tapotant un flingue à sa ceinture.
- On va lui apprendre la vie et à regarder où il va ! Ré-enchérit le deuxième en regardant le « boss » avec un grand sourire.
Θ Euh, mais j’ai pas fait exprès ? Coupe sans gêne Sheyd, en regardant les hommes comme s’ils s’étaient de clown.
Pourquoi s’énerver pour ça, franchement ?
ζ Non. Rien de tout cela.
L’homme qui semble être le boss regarde Sheyd avec un regard froid et noir, comme s’il était la dernière personne au monde qu’il voulait voir. Mais au lieu de baisser les yeux, le blond soutient cette joute visuelle sans réellement savoir ce qu’il fait.
ζ On va lui faire payer autrement, attrapez le.
Pardon ? Sheyd déglutit en perdant son sourire. Pourquoi l’attraper ? Il ne veut pas, il n’a pas finit de visiter la ville et ses si belles lumières. Alors quand le premier des hommes armés s’approche, le coup part tout seul. Être souple a toujours été un bonus pour lui, ainsi, son pied s’encastre directement dans la mâchoire du mec.
Θ Je veux pas, moi ! Hurle-t-il en trouvant que la situation commence à être délicate.
Son pied se rabaisse tout aussi rapidement et frappe l’arme accrochée à la ceinture de son agresseur. Elle tombe, il évite un tir de justesse qui vient de l’autre homme, prend l’arme, tire à son tour. Puis une nouvelle fois. Encore, et encore.
La foule autour d’eux se dissipe rapidement, laissant place aux sirènes de la police. Elles sont loin, mais elles se rapprochent.
Les deux larbins geignent au sol, se tenant le ventre pour l’un, la jambe pour l’autre. Sa première fois n’est pas si mauvaise, en fait. Ce n’est pas si difficile d’user d’une arme à feu. Sheyd tient fièrement le canon sur le torse du chinois, même s’il est plus petit, il n’a pas peur.
Θ Je… je sais pas quoi faire maintenant, mais j’ai pas l’intention de m’en prendre plein la gueule !
ζ Tu n’es qu’un gamin, cette arme n’est qu’un jouet entre tes mains. Alors lâche-la, avant que tu ne le regrettes.
Θ Non, même pas en rêve, y’a les flics qui arrivent et je veux pas être le seul à morfler !
ζ Si tu le prends comme ça.
Sans craindre une quelconque menace réelle venant de Sheyd, l’homme frappe l’arme du revers de la main et profite de ce moment de confusion chez le blond pour le frapper au ventre. Sous l’effet de la surprise et de la peur, le blond se paralyse et ne sait plus quoi faire. C’est en se retrouvant sur l’épaule du chinois, tel un sac à patate qui a mal au ventre, qu’il comprend que demain, il ne rentrera pas chez lui.
Θ Lâche moi ! Lâche moi je te diiiiis ! S’époumone-t-il à hurler tout en frappant le dos de l’homme qui n’a fit à faire de ses jérémiades.
Tandis qu’il se fait balloter, il voit le lieu de son « enlèvement » s’éloigner, et accessoirement les deux mecs amochés les suivre. Tout c’est passé dans une rue bondée de monde mais personne n’a agit, personne n’agit jamais. Dans ses pensées, il se demande la façon dont sa famille d’adoption va réagir lorsque la police lui dira qu’il s’est fait enlever et doit être sûrement mort. Mort ?
Θ … a-attendez, je veux pas crever moi !
ζ Arrête. De. BOUGER.
Θ Je veux pas mourir… QUAND MÊME.
Los Angeles – 2006
IV Do or Die- Qu’est ce que tu veux, mec ?
Θ D’après toiiii ? ~
- Dégage de là, j’ai pas envie d’avoir à vider mon chargeur sur toi, juste parce que tu viens me faire chier.
Θ Lû Tsi n’est pas content du tout, mais paaaas du tout, que ton boss ne paye plus, alors je viens faire le ménage.
- Haha, tu plaisantes j’espère ? T’es qu’un môme, ça m’étonnerait que Lû engage un mioche pour régler ses affaires. T’as quoi, dix-sept ans grand max ? Attends… Tu te traines encore avec une peluche ? Comme c’est a-do-ra-ble !Ce mec ne se sent plus et part dans un fou rire en voyant que face à lui se tient un garçon, blond, qui nage dans une sorte de combinaison de sport trop grande et d’un rose pâle plus que délavé. Sans compter qu’il ne l’enfile pas entièrement et que mise à part ses bras, le haut n’est pas totalement vêtu. C’est sûrement pour cela qu’il s’affuble d’une sorte de gilet noir à capuche. Une vraie gravure de mode. Sans compter qu’il serre un nounours défoncé de partout contre lui. Sheyd n’arrive pas à grandir et ne peut oublier le petit garçon qu’il est au fond de lui. C’est pour ça que son Teddy est là.
Mais il ne faut pas oublier qu’il a tout de même changé au contact de Lû, qui n’est d’autre que l’un des dirigeants d’une organisation crapuleuse du nom de Lussuria.
Θ Han, tu es loin du compte, c’est dommage. Je crois que ça va te coûter… la vie ! ♥ Cette petite phrase pleine d’amour est suivit d’un gentil sourire alors qu’il desserre son emprise sur Teddy.
- Hein ? Mais t’es taré gamin, vire de l-Teddy a les idées qui explosent. Le visage de Sheyd se tord dans un rictus de satisfaction lorsqu’il voit l’homme s’écrouler à terre, geignant de douleur et dans l’incapacité de se relever. Maintenant, on ne l’arrête plus. Les coups de feu sonnent l’alerte dans ce petit entrepôt miteux. Quelques hommes arrivent, mais ne sont pas assez rapides. Tous, sans exception, tombent sous les balles du fils de Satan ou encore sous le fil tranchant de sa lame. Mais aucun d’entre eux n’est mort. En vieillissant, il a changé ses habitudes. Arme à feu puis arme blanche. C’est plus amusant.
Avouons-le, Teddy renferme un lourd secret en lui et s’il ne le partage pas, il risque d’exploser. Depuis que son compagnon de toujours, Sheyd, a reçu une arme, il refuse d’user de Holster ou même de poches. Alors qui joue le porte-arme ? C’est notre Teddy. De façon peu glamour, mais pratique, la crosse de l’arme ressort d’entre les pattes arrière du pauvre ours, et les nombreux trous sur son crâne sont… boom boom boom.
Toutes les petites frappes armées et inintéressantes sont tombées comme des vulgaires mouches. Le seul homme qui l’intéresse, c’est celui qui a tout manigancé et qui vole depuis des mois l’argent de l’organisation.
- C-comment tu as fait pour nous trouver ? Cela faisait des mois que l’on préparait cette transaction sous le nez de Lû, tout était préparé au millimètre près et personne de l’organisation n’est au courant…Θ Parce que je suis au courant de tout… de tout, même de la façon dont ta mère t’a pondu ! Haha… ou comment tu t’es fait opérer des couilles après une morsure de chien, ou bien…- Putain, mais t’es malade ! Θ Je sais, merci, merci. ♥ Il en reste que je suis peut-être malade, mais toi t’es dans la merde jusqu’au cou !Dans un mouvement ample, il écarte les bras, et malgré ses manches recouvrant ses mains, l’arme dans le nounours et le couteau sont bien visible pour le futur mort.
Θ Lû veut que tu souffres pour ce que tu as fait. C’est un homme d’honneur, tu le connais bien ! ♥ Il déteeeeste qu’on le trompe…Toujours en gardant cette manière leste de bouger, Sheyd envoie la lame qu’il tient se planter dans la gorge de l’homme, le clouant au mur.
Θ Tu as de la chance, je ne te tuerai pas tout de suite… ♥Ce qu’il trouve marrant à voir, ce sont les petites bulles de sang qui s’échappe par le trou nouveau, mais aussi le liquide giclant de la bouche de l’homme comme les petites fontaines dans les rues. Bien sûr, tout cela n’est pas encore assez jouissif pour le blondinet. Un pas en avant, il se penche et saisit le manche du couteau, tournant et retournant la lame, faisait fit des geignements et plaintes du blessé.
Θ Putain, t’es sérieusement chiant, en fait… Tu vas crever comme un grand.Une grande grimace de tristesse s’affiche sur son visage puis un coup de feu retentit, le dernier de cette journée. La balle s’est logée dans l’abdomen du dealer, ne le tuant pas sur le coup.
Θ Ta mort va être longue et douloureuse, entre la perforation de tes poumons puis de ta gorge. Ton propre sang va te mener à ta perte en t’étouffant… c’est trop cool, nan ? ♥Sheyd arrache le couteau qui trônait fièrement dans cette gorge puis le porte à ses lèvres, le nettoyant de son sang et termine par le replacer dans une poche intérieure. Il fait demi-tour et va pour partir. Pourquoi ne pas l’avoir achevé ? Tout simplement parce que l’italien ne supporte pas de tuer les gens, d’avoir leurs morts sur sa conscience. Ainsi, il les laisse agoniser, c’est une bonne alternative à ses yeux.
Bientôt, cet entrepôt pourra servir de boucherie, au vue du nombre élevé de pièces de viandes qui s’offrent au choix. De la bonne viande, s’il vous plait.
La porte claque, Sheyd est content de lui, il a toujours ce sourire de dément, son nounours sous son bras droit et une énorme mallette, dont un petit billet de 100$ dépasse, dans l’autre main.
…………………………………..
Une heure plus tard, Sheyd est de retour chez le chinois, dans le but de lui apporter cette fameuse mallette qui contient ce que ce restant d’homme, euh, de viande lui devait. Deux coups à la porte, deux secondes de silence puis deux nouveaux coups.
ζ Tu peux entrer, Sheyd. J’espère que tu as ce que je t’ai demandé. Enfin, je n’en doute pas…Lû se tient debout et face à une fenêtre, la porte qui s’ouvre se trouve dans son dos. Obéissant à l’ordre, Sheyd entre sans perdre son sourire et va déposer la mallette sur le bureau puis déclique les serrures de cette dernier. Lorsque le tout s’ouvre, des centaines de billets font leur apparition. Toutes des coupures de 100$, pas moins.
Θ Voilààà, tout est là, encore un boulot P-A-R-F-A-I-T. Fanfaronne Sheyd en retirant sa veste noire couverte de sang.
ζ C’est bien, Sheyd. Te former moi-même n’était pas une si mauvaise idée, au final. Lâche le chinois en souriant, comptant rapidement et de façon distraite l’argent se trouvant sur son bureau.
Maintenant, c’est le reste de la combinaison qui quitte son corps, elle aussi couverte de liquide carmin. Sheyd se retrouve simplement en boxer alors que l’air frais de la pièce vient chatouiller sa peau pâle et couverte de nombreuses cicatrices. Des lacérations pour la plupart, résorbées ou non, certaines ont l’air de dater, d’autre d’êtres fraiches. Mais il s’y trouve aussi du sang étranger au sien.
Après avoir détourné son regard vers le blond, Lû sourit en levant les yeux au plafond. Il referme la mallette, la dépose sous son bureau et ouvre son tiroir pour en sortir quelque chose.
ζ Tu ne perds pas le nord, Sheyd. Si ce n’est pas la drogue, c’est ça.
Tombant presque, le blond se met à genoux en gardant un petit sourire de satisfaction.Doucement, Lû passe sa main le long de la mâchoire de Sheyd et finit cette fausse caresse en l’empoignant par l’arrière du crâne pour pouvoir le regarder fixement dans les yeux et lire en lui la pitié et la supplication.
ζ C’est parfait.Sans se faire prier, Lû contourne le jeune italien et en ne lui accordant aucun regard, fait s’abattre une longue lanière de cuir contre le plancher. Le simple bruit de l’objet claquant le sol fait frémir Sheyd, ce dernier attendant que sa sentence arrive. Et il n’a pas longtemps à attendre, car après une courte respiration, ce qui s’apparente à un fouet, vient faire la brutale rencontre de son dos.
Ses yeux se ferment dans une mimique de pur plaisir. Un petit cri tuant le silence monotone de la pièce.
Les coups redoublent de cadence et d’intensité, venant déchirer et mettre à mal cette peau si blanche et frêle, la rendant sanglante et couverte de nouvelles cicatrices. La paume de ses mains touche le sol, ses ongles le griffent, il se cambre à chaque coup. Entre ses gémissements se découvre un petit cri de bien être qui prouve que ces actes de tortures ne sont qu’un traitement de faveur que subit Sheyd.
Cette douleur n’est qu’un moyen pour Sheyd de se sentir vivant mais aussi pour que, d’une certaine manière, on s’occupe de lui. Le fait qu’il ait découvert ces tendances masochistes aide un peu, aussi.
Sheyd se redresse et pose ses mains sur l’accoudoir d’une chaise, tenant ainsi une stature droite et fixe. Ses halètements montrent sa douleur, sa fatigue mais aussi le plaisir qu’il prend en recevant ces coups. Un petit regard vers Lû, ce dernier sourit en voyant son chien subir avec tant de docilité, puis le blond se tortille pour inciter les coups à pleuvoir encore et encore.
Centre de Los Angeles - 2009
Qui aurait pu croire qu’un accro à la drogue et masochiste comme Sheyd réussisse à atteindre ses vingt cinq ans sans trop de dommages ? Surtout si l’on ajoute que depuis quelques années, il voyage beaucoup dans le monde au solde de cette fameuse organisation pour laquelle il travaille depuis tant de temps. Il compte à son actif la France, le Japon, l’Espagne, la Russie et même l’Italie. De plus en plus de boulot, toujours des gens qui lui râle dessus à cause de sa trop grosse addiction à la drogue, on lui demande des comptes. En somme, un tas de problème qui s’accumule et qui commence à lui porter aux nerfs. Le sens des responsabilités, ce n’est pas son truc.
Ainsi, du jour au lendemain, sans crier garde ou même prévenir, Sheyd se casse. Oui, il n’y a pas d’autres mots. Il fuit tout simplement cette organisation oppressante et surtout, il fuit Lû. Ce dernier est pire qu’une mère poule, toujours derrière lui à lui dire ce qu’il doit faire, comment le faire et même dans quel ordre le faire. Bien sûr, le blond ne déprécie pas la relation particulière qu’ils entretiennent mais… quand on doit partir, on doit partir !
Le voilà entrain de vadrouiller dans sa ville tant chérie, Los Angeles, sans craindre de se faire trouver par les hommes de Lû. Et si c’était le cas ? Bah, il n’aurait qu’à courir, encore une fois.
Tout en marchant, il se met à rire en pensant à la manière dont Lû allait réagir en se rendant compte qu’il était partit en laissant un simple petit mot : « J’en ai ma claque, je me casse. ♥ » Sheyd hésite entre une tête de dix pieds de long ou simplement un bureau en moins. En tout cas, ce n’est pas dans cette rue bondée qu’il risquait quelque… chose ?
Θ Putain… j’vois plus rien… wuuuh…
Sans comprendre ce qu’il lui arrive, Sheyd se sent partir en avant, comme s’il venait de recevoir un coup à l’arrière du crâne qui l’aurait mit KO. Ah, oui, c’est bien ça, il vient de se faire frapper de façon traitresse et se retrouve dans les vapes à ce faire de nouveau trimballer comme un sac à patate. Pourtant, c’est loin d’être l’œuvre de Lû, pour une fois.
Une heure, non, deux heures ou même trois, il ne sait pas combien de temps il est resté évanouit, plus tard, il reprend conscience. Mais quand il ouvre les yeux, il prend du temps à comprendre ce qu’il se passe et de tout réorganiser dans son esprit. Déjà que c’est le foutoir, alors là, ça n’arrange rien du tout. Tout autour de lui, c’est l’obscurité complète, pas un petit filet de lumière ou un courant d’air ne l’aide à se repérer.
Φ Ça y est, t’es réveillé le camé ? Demande une voix grave et masculine à travers ce qui doit être une porte.
La seconde d’après, cette fameuse porte s’ouvre et inonde la toute petite pièce où Sheyd se trouve d’une faible mais éblouissante lumière. Petite pièce ? Ah non, ce n’est juste qu’un placard. Enfin, lorsqu’il regarde de plus près si c’est Lû qui l’y a enfermé, il se rend compte que non, ce n’est pas ça. Et il commence à avoir peur.
Parce que ce n’est pas un petit bonhomme ou un vieux d’une cinquantaine d’années, non, non. C’est un mec, grand, les épaules carrées et au torse sculpté dans du béton. Sans compter la cicatrice sur son visage, son air peu voir pas du tout aimable et sa peau mate.
Θ Oh mon dieu ça y est je suis mort, c’est la fin des haricots que dieu me garde une place au paradiiiiis. Chouine-t-il d’un coup en se laissant tomber face contre terre, les mains sur le crâne, recroquevillé sur lui-même.
Sûrement pas habitué aux chialeries d’un homme de vingt cinq ans, son vis-à-vis pose son pied sur l’épaule de Sheyd et le relève en tirant la tronche puis le plaque contre le mur avec ce même pied.
Φ Tu as raison, si tu commences à chialer comme ça, tu ne vas pas tenir long feu. Alors tu te calmes, j’ai juste besoin d’info’.
Θ … c’est vrai, c’est tout ? ~ Demande le toxico en rouvrant ses yeux et en regardant son interlocuteur. Des infos sur quoi ?
Après un long soupir, l’homme retire son pied et se recule pour laisser Sheyd sortir du placard. Ce dernier ne se fait pas prier et même si un mal de crâne persistant le lancine, il commence à fureter un peu partout. Mais d’un coup, une main l’attrape par l’épaule et le force, enfin, le balance sur le canapé pour qu’il reste tranquille. Le possesseur de la main, quand à lui, prend une chaise et s’assoit face au camé, n’oubliant pas ce qu’il veut.
Φ Je t’ai vu sortir d’un bâtiment qui appartient à Lû Tsi, un des dirigeants d’une entreprise d’import-export, Lussuria. Sauf que tout le monde sait que cette boite n’est qu’une façade pour son trafic de drogue et autres choses illégales.
Θ Je me suis juste trompé d’adresse, je voulais pas y aller, moi !
Φ Cela fait plus de six mois que je surveille ce bâtiment, ce n’est pas la première fois que je te vois y entrer ou en sortir.
Θ … nan mais, j’ai pas un bon sens de l’orientation, je me perds souvent puis vu que l’adresse où je veux me rendre ressem- OKAY, OKAY, pas besoin de me menacer !
Soufflant comme un bœuf à cause de la peur qu’il vient d’avoir, Sheyd passe sa main contre son front avant de regarder son kidnappeur rabaisser son arme et la poser sur la table. C’est clair, essayé de feinter avec cet homme est juste un moyen simple de courir vers une mort certaine.
Φ Dis-moi tout ce que tu sais sur cette organisation.
Θ Euh… okay, mais à une condition.
Φ Laquelle ?
Θ JE VEUX PAS Y RETOURNER, BOUHOUHOUUUH ! Et le revoilà partit en pleure, à sauter au cou de celui qui l’a kidnappé et à lui chialer dans les jupons.
…………………………………..
Θ CRAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIG ?!
Φ Je suis à côté de toi, pourquoi tu gueules encore ?
Θ Hein ? Ah ouai, je t’avais pas vu ! Suffisait de tourner la tête pour remarquer que le dénommé Craig, se trouvait à sa gauche.
Cela fait un mois que cette situation dure. Trop pour ce pauvre détective qui pensait qu’après avoir séquestré et obtenu toutes les informations qu’il voulait de la part de Sheyd, ce dernier repartirait tranquillement. Mais non, ce toxico masochiste devait squatter son appartement contre son gré.
Φ Bon dieu, qu’est ce que tu es con. Tu me veux quoi ?
Θ Euh… ‘sais plus !
Φ …
Θ EH ! Pourquoi tu me frappes avec ton journal ? J’aime pas qu’on me tape la tête !
Φ Ne t’inquiètes pas, j’ai beau taper, tu ne perds rien à chaque fois, c’est déjà vide.
Θ … snif.
Φ Tu ne vas pas encore te mettre à chialer ?
Θ Non… non… bouhouh…
Φ … je te jure que si tu me fonces dessus ça va mal al- Sheyd !
Pas le temps de prévenir, encore entrain de pleurer, Sheyd s’est rué sur le détective pour essuyer ses larmes de crocodile contre sa pauvre chemise, encore bonne à être changée. Et quand un Sheyd vous tient, il ne fait pas semblant.
Cinq minutes plus tard, Craig a réussit à calmer Sheyd en l’envoyant s’acheter des bonbons… oui, oui une méthode qui fonctionne avec les enfants fonctionne aussi avec le camé… puis ça ne devrait plus vous étonner, vous êtes habituez à force.
Teddy sous le bras, les mains dans les poches et l’air toujours aussi paumé, Sheyd déambule dans les petites rues de Los Angeles alors qu’il revient de la boulangerie la plus près. Il n’a pas troqué la drogue contre les bonbons, mais c’est aussi un moyen sucré de se détendre. Sheyd adore marcher en regardant le soleil, ce dernier brille si intensément qu’il pourrait réchauffer un pingouin à l’autre bout de l’antarctique.
Bam.
Sheyd cligne des yeux en sentant qu’il est rentré en contact direct avec une personne, sans pour autant à en tomber à la renverse.
Θ Paaaaardooon ! ♥ J’vous avais… avais… pas vu… L-Lû ?!
Une impression désagréable de déjà-vu s’installe dans l’esprit de Sheyd qui commence à paniquer en voyant que le chinois est accompagné d’au moins une dizaine d’hommes armés jusqu’aux dents.
ζ Sheyd, laisse toi faire et viens avec nous.
Θ N-non ! Jamais ! Pourquoi ils sont tous là !? Je ne veux pas revenir, jamais ! Laissez-moi tranquille !
Son rythme cardiaque augmente à vive allure, une perle de sueur coule le long de sa tempe alors que ses yeux s’écarquillent de peur. Il hait ce genre d’imprévus. Lorsqu’il recule, il se cogne à un canon d’une arme pointée dans son dos.
ζ Je te promet que l’on ne va rien te faire et que tu pourras repartir après, mais je veux d’abord que nous nous expliquions.
Θ T-tu me le promets ? Je… je repartirais après, je ne veux plus, non, que, j-jamais, Dieu me prot-… Lû… Subitement, Sheyd se sent rassuré lorsque Lû finit par le serrer contre lui d’un bras. Pas de tirs, de gestes hostiles ou de ton trop haut et plein de rancœur.
Malgré tout, le chinois fait signe à ses hommes de faire venir la voiture, le toxico serait du genre à péter son câble, tuer tout le monde et partir comme si de rien n’était, alors autant profiter que ce dernier soit entrain de se calmer.
…………………………………..
La porte de l’appartement claque et la personne qui vient d’y rentrer traine des pieds en se tenant aux murs.
Φ Bah alors gamin, tu t’es perdu en route ou quoi ? Demande Craig en déposant son journal sur la table basse et en regardant dans la direction de Sheyd.
Son cou est lacéré, comme ses bras, son ventre, ses épaules et sûrement son dos. Sa respiration est saccadée et sifflante. Ses jambes ont du mal à supporter son poids et fléchissent à chacun de ses pas. Ses deux yeux sont mi-clôt tellement la douleur est lancinante, ses joues sont rouges à cause de l’effort. Quand bien même, il sourit, de façon bizarre, mais il sourit au détective. Ce dernier cligne des yeux en voyant le spectacle qui s’offre à lui.
Φ Mais qu’est ce que tu as foutu, encore ? Soupire-t-il avant de se lever pour aider le toxico à marcher jusqu’à la salle d’eau.
Θ Désolé, j’ai rencontré des chiens sur la route… je crois qu’ils aimaient les nems en plus ! Ouille, eh, qu’est c’que, nan, fais pas ç-ça ! C-Craig, non ! Aaaaaah ! Uuuh... H-hmmmmf… Ghnnuh ?
N’ayant pas envie pour le moment d’entendre les explications du toxico, le détective a trouvé bon de placer quelques pansements sur la bouche de Sheyd, une bonne dizaine quoi. Puis une fois soigné, le blond expliqua plus ou moins ce qui s’était réellement passé.
Los Angeles - 2013
VI Far From HomeUn an a passé et ils sont toujours encore en vie et en bon état. La cohabitation entre le détective et le toxico n’est pas des plus simple ni même des plus tranquilles, mais elle est là. Sheyd se drogue toujours, passe ses journées à glander ou bien à aider Craig, en se faisant passer pour un indic’. À paraitre comme ça, on pourrait qualifier cette vie de monotone, mais on ne peut pas dire qu’ils ont le temps de s’ennuyer.
Θ Craiiiig ? Où que tu vas, dis ?
Φ Bosser, j’ai une affaire sur le feu.
Θ C’est quoi comme affaire ?
Φ Les disparitions mystérieuses qui se font de plus en plus nombreuses.
Θ Encore ça ? Tu bosses là-dessus depuis des mois et tu n’as pas encore avancé malgré…
Φ Oui, je sais, mais j’ai une piste, à plus tard. Et attention si je tombe sur tes seringues en rentrant.
Θ … je ne vois pas de quoi tu parles, je les range tou- … presque toujours !Cela devenait inquiétant, toutes ces disparitions inexpliquées à travers le monde. Il n’y avait plus aucune trace physique de ces gens, comme s’ils avaient été transportés dans une autre dimension. Enfin ça, c’était le folle supposition de Sheyd et Craig savait très bien que cela était impossible. Les dieux, les choses surnaturelles et ce genre de chose, cela n’existe pas. Alors quand le camé dit que Dieu est avec lui, et que c’est grâce à lui qu’il sait autant de choses sur tant de gens… Le détective préfère mettre ça sur le dos de la Kétamine, c’est plus logique.
Enfin, pour le moment, Craig se rend à son point de rendez vous pour rencontrer un homme qui prétend savoir des choses sur ces disparitions.
…………………………………..
Θ Ce sont tous les mêmes…
? Pourquoi dis tu ça ?
Θ Lui aussi est partit, il m’a abandonné.
? Je suis sûr qu’il va finir par revenir.
Θ Cela fait une semaine maintenant, sept jours, sept, le chiffre de Dieu, ton chiffre.
? Tu ne devrais pas partir, tu vas le regretter.
Θ Trop tard… je vais venir vous rejoindre.Sans se faire attendre, Sheyd sort de l’appartement dans lequel il vit depuis un an avec Craig et se dirige vers le toit. Mais ce dernier n’est pas réapparu depuis sa dernière sortie. Conclusion ? Il l’a abandonné, lui aussi. C’est toujours le même refrain et la même finalité. À quoi bon essayer d’être avec les autres lorsque l’on est trop différent et que personne ne veut de nous ?
Θ C’est à Los Angeles que les anges déchus sont tombés… jamais ils ne pourront déployer leurs ailes car les hommes les leurs ont arrachés… démembrés… Dieu n’est pas qu’un et en son sein vit les miens… Je veux les rejoindre.Doucement, il ferme les yeux et inspire. Le souffle de cette nuit vient caresser son visage comme l’aurait fait une mère. Des larmes coulent le long de ses joues alors qu’il sourit. Il n’y a pas un bruit, un seul parasite qui peut venir lui faire regretter ce moment.
Jamais il ne sera comme les autres.
Et jamais il ne voudra l’être.
Son rictus s’efface, ses yeux s’ouvrent, ses larmes se dispersent.
Θ Ils mourront tous.Los Angeles - 2014
Né Andarta.