Alice a de très beaux yeux bleu glace cerclés de gris, dans lesquels n’importe qui aimerait se perdre. Ses cheveux sont châtain clair méchés de blond, elle porte toujours un chapeau noir qui lui donne une certaine classe. Elle n’a ni tatouage, ni piercing, mais elle se dessine souvent des motifs au feutre noir sur les poignets lorsqu’elle s’ennuie. Elle s’habille toujours en pantalon (elle déteste les jupes et les robes) ou en short l’été, avec un simple t-shirt et des bottines noires. Lorsqu’elle vous parle, elle vous regarde toujours dans les yeux et déteste que vous l’évitiez du regard. Elle adopte généralement un visage neutre, mais, par ses expressions, peut vous faire chaud au cœur ou au contraire vous faire très peur. Ses yeux sont d’ailleurs très expressifs.

Alice a un sérieux problème avec l’autorité : elle se rabroue dès qu’on lui ordonne quelque chose, et passe pour une « rebelle » auprès de beaucoup de monde, notamment de ses professeurs. Elle déteste travailler et s’ennuie mortellement en classe. Elle n’a pas énormément d’amis car elle ne le souhaite tout simplement pas. Elle n’a confiance en personne, pas même en elle-même, ce qui peut l’handicaper dans certaines situations. Elle est de ce fait très méfiante et cherche toujours la petite bête. Elle peut parfois se montrer très vexante, c’est aussi une des raisons pour lesquelles elle n’est pas très appréciée. Son unique source d’affection est son chat qui, d’après son point de vue, est la seule personne qui l’aime réellement à la maison. Elle ne reste jamais chez elle, sauf pour dormir : elle est toujours dehors, pour se « vider l’esprit » et ne penser à rien. Admirer un paysage ou regarder le ciel ou les étoiles sans rien faire lui fait oublier ce qui se passe chez elle et la revigore, mais cela ne fonctionne malheureusement pas à chaque fois. Elle est capable de magnifiques crises de colère si vous lui cherchez des poux trop longtemps.

La famille Hotson, d’origine américaine, s’était installée en France peu après la naissance de leur fille, Alice. Ils vivaient heureux et confortablement en banlieue parisienne, dans une magnifique propriété privée, leur fille grandissait sans problèmes et était entourée par des parents aimants.
Mais ça, c’était en France.
Reece Hotson, le père d’Alice, vint à être muté aux Etats-Unis. Il y emmena sa famille. Alice, qui avait alors douze ans, protesta vigoureusement, elle cassa, frappa, cria, mais rien ne put y changer. Ils partirent s’installer en banlieue de New York, dans une petite maison, dans ce petit village si inhospitalier pour Alice. Elle fut envoyée dans un lycée de quartier au niveau si faible, et la jeune fille ne tarda pas à s’ennuyer mortellement là-bas. Les autres se moquaient d’elle et de ses grands airs, avec ce chapeau noir genre « Michael Jackson » qui avait tellement plu aux élèves français, le pays qu’elle aimait tant. Mais en réalité, ils faisaient cela parce qu’ils ignoraient ce qui se passait réellement chez elle.
En effet, son père se mettait à rentrer de plus en plus tard à la maison, et ce n’était pas parce qu’il restait tard au travail. En fouillant dans ses papiers, Alice avait découvert des contrats louches, ainsi que des lettres d’amour d’une femme qui n’était certainement pas sa mère. Cette dernière vint à le trouver elle aussi, et à l’issue d’une violente dispute, ils décidèrent de se séparer, mais dans une telle violence que le petit monde l’Alice ne fut plus jamais le même. Elle ne vit presque plus son père, et sa mère plongea dans la boisson. Reece Hotson envoyait régulièrement un peu d’argent, mais d’après lui, c’était uniquement pour sa fille.
Cette nuit-là, Alice était une fois de plus sortie de chez elle sans dire à sa mère où elle allait. Cette dernière avait encore gaspillé tout l’argent de son père pour s’acheter de l’alcool, et elles allaient devoir encore une fois se rationner pendant le reste du mois. Elle écumait de rage. Le chat l’avait suivie à distance respectueuse, évitant de passer près d’elle sous peine de se prendre un coup de bottine dans les côtes, lequel alla finalement dans une voiture qui avait eu la malchance d’être garée sur son passage. La jeune fille s’était ensuite assise sur un banc, le chat revenu sur ses genoux pour se réchauffer, et avait regardé le ciel où brillaient faiblement quelques étoiles. En les voyant, elle avait souhaité de tout son cœur que tout redevienne comme avant, en France, quand ses parents étaient heureux et elle aussi. Cette pensée ne la quitta pas de la soirée, jusqu’à ce qu’elle s’endorme sur ce banc, le chat ronronnant comme une tronçonneuse.
Et le lendemain, elle était ailleurs…