PrécédemmentUne voix dans l'obscurité
Sylver n'avait pas bien dormi quand il se leva le lendemain matin. C'était l'un des inconvénients lorsqu'on dormait autant de temps : cela devenait difficile de retourner dormir. Mais même s’il aurait préféré éviter de retourner se coucher, les émotions de la veille l’avait épuisé et il avait besoin de repos. A son grand bonheur, il se réveilla au petit matin lorsque les rayons du soleil vinrent caresser son visage. Un bonheur, car il n’était pas sûr en allant se coucher la veille qu’il allait se réveiller - comment ne pas être sûr que le mystérieux mal qui avait fait s’endormir tout le monde n’allait pas le reprendre ? Il s’était réveillé cependant et il était bien décidé à le rester le plus longtemps possible.
Pour ne pas devenir fou alors qu’il était seul au monde, il avait décidé d’être pragmatique : à NA comme n’importe où, pour survivre il avait besoin de vivres. Il avait commencé par jeter un oeil aux réserves du clan bien sûr mais la plupart étaient situés dans les frigidaires qui fonctionnaient avec le courant qu’avait rétabli Atsuki. Tout était périmé voir moisi maintenant, y compris la nourriture sous vide. Heureusement, il y avait tout un tas de nourriture qui n’avait pas besoin de se conserver au frais comme des barres protéinées et autres condiments. Mais probablement pas assez pour le faire durer longtemps, il allait devoir trouver autre chose.
Pour aller chercher de la nourriture, mais surtout à vrai dire pour s’enlever de la tête sa solitude, il entreprit d’aller au centre commercial où ils avaient toujours trouvé de quoi manger. Après avoir manger quelques barres protéinés, il dirigea ses pas vers le quartier sud.
Ca n'était pas avec plaisir qu’il retournait dans ce quartier, au contraire. La dernière fois qu’il y était allé, il se rappelait très bien comment Grim, Marionnette, Ophélie et lui s'étaient retrouvés coincés par des harpies anthropophages … Il pria tous ces dieux - en espérant ne pas tomber sur un des cruels - de ne pas tomber sur l’une d’elle. Heureusement, les monstres aussi semblaient avoir disparus du plateau et il croisa les doigts que ce quartier auparavant si dangereux soit aussi calme que le quartier est.
Comme partout sur le plateau, il n’y avait pas de bruit. Il passa à côté de pas mal de carcasses de monstres qui, comme Ophélie, semblaient dormir. Il se demanda distraitement si une partie au moins de leur viande était comestible, avant d’être submergé par un telle vague de dégoût qu’il faillit vomir. Peut-être devrait-il y songer un jour, mais pas avant d’avoir examiné toutes les options …
Un bruit attira son attention.
Celui-çi le fit sursauter violemment tant il avait désormais l’habitude du silence. Il entendait des bruits de claquements secs … comme ceux d’un bec.
Un frisson lui parcoura le dos. Et si c’était une des harpies ? Tous les monstres ne seraient alors pas endormis ?
Il entrepris de se retourner doucement avant que le monstre ne l’entende à son tour mais bien-sûr, il ne vit pas une poubelle qui était proche.
Il entendit alors un battement d’aile et de derrière une carcasse de monstre, il vit sortir un grand corbeau noir.
Il se figea sur place, paralysé par la peur. La harpie quant à elle, virevolte dans plusieurs sens avant de le trouver et de se poser devant lui.
- Sylver ? Sylver c’est toi ? dit la voix d’Ophélie.
Il secoua la tête.
Ca n’est pas Ophélie … dit-il pour lui-même.
La harpie se rapprocha d’un bon.
- Qu'est-ce qui s'est passé, Sylver ? - Va-t-en, oiseau de malheur ! dit-il avec colère, en lui projetant un caillou proche.
L’oiseau l’évita sans mal en faisant un pas de côté. Il fixait le garçon avec un regard qu’il n’arrivait pas à déchiffrer.
- Oh et puis merde, dit-il.Il tourna les talons et se mit à courir en direction du centre commercial, sans prendre le temps de se retourner. Il ferma la porte derrière lui puis se retourna.
La harpie était toujours là, le regardant de ses grands yeux noirs.
Sylver lui rendit son regard à travers la porte vitrée complètement sâle pendant quelques instants. Puis un autre bruit, beaucoup plus terrible venant de derrière lui l’obligea à se retourner.
Il vit alors que la harpie n’était visiblement pas le seul monstre à s’être réveillé ; il avait en face de lui un énorme chien, semblable à celui qui l’avait attaqué le jour où il était arrivé sur le plateau. Il bénit alors le ciel d’avoir emporté ses mitaines de fer.
Il se rapprocha du monstre, en position de combat. Il l’évaluait, et sentait que l’autre faisait de même. Il sentait dans son regard que le chein ne voyait en lui qu’un casse croûte … au vu de la taille de la créature, la combattre n’était pas une option.
Il se retourner pour fuir du centre en bravant le dangers de la harpie quand le monstre se projeta sur lui avec ses lourdes pattes arrières.
Sylver bascula alors en arrière, désequilibré par le choc. Il mit son bras devant lui pour se protéger de la gueule du monstre, mais il sentait qu’il ne pourrait pas tenir longtemps. Le monstre était trop fort et lui, trop faible pour pouvoir tenir longtemps. C’étant donc ainsi que se finissait son histoire … il ne saurait jamais ce qui était arrivé sur le plateau.
Mais soudain, alors qu’il se sentait perdu, la créature poussa un grand cri de douleur. Et jaillit en arrière et enlevant son poids de Sylver, il put souffler. Il se releva après quelques instants et constata que la harpie était aux prises avec le monstre.
Sans chercher à comprendre pourquoi l’oiseau l’aidait, il se mela dans la bataille et ses mitaines au poings, fit pleuvoir un déluge de coups sur l’abdomen de la créature.
Au bout de quelques minutes de combats, ne pouvant lutter contre ses deux assaillants, le monstre s’écroula sur le sol, vaincu. La harpie s’empressa alors d’arracher des morceaux de chair au corps encore chaud, se délectant de ce repas apparemment délicieux pour elle.
Sylver recula le temps de reprendre ses esprits avant d’observer l’oiseau.
- Tu m’a aidé ? demanda-t-il sans avoir si l’oiseau le comprendrait.
Il s’arrêta de manger et planta son regard de jeais directement dans le sien.
- Oui Sylver, dit l’oiseau avec la voix d’Ophélie.
Qu’est-ce qui s’est passé ?Faisant fit de l’étrangeté de la situation, Sylver se contenta de hausser les épaules.
- Je ne sais pas … je me suis réveillé et tout le monde était endormis.- Moi aussi, dit l’oiseau.
Je suis la seule qui ne dort pas … Je survole la ville depuis hier et vous êtes les deux seules âmes que je rencontre.- En tout cas je te remercie de m’avoir aidé.- Toi aussi tu m’a aidé. Nous autres monstres n’avons qu’un but, que nous ont confié les dieux : torturer les humains. Mais aujourd’hui, il n’y a plus ni monstre, ni dieu, ni humain. Quel peut être mon but alors?- Je ne sais pas. Je chercher le mien également.L’oiseau prit quelques temps pour réfléchir puis se tourna à nouveau vers le garçon.
- Je n’aime pas les humains, ils sont pleurnichards et égoïstes. Mais j’aime encore moins être seule. Est-ce que je pourrais venir avec toi ? J’ai l’impression qu’il vaut mieux être deux pour survivre ici. - Si tu veux, répondit simplement Sylver.
Moi aussi j’ai besoin de compagnie, même si c’est celle d’un putain de monstre. Comment t’appelle-tu ?- Je n’ai pas de nom, personne n’en a ici.- Tu as la voix d’Ophélie, qui était mon amie la plus chère avant qu’elle ne s’endorme. Je pourrais t’appeler comme cela. - Si tu veux, j’aime bien ce nom. Et toi, je sais déjà que tu t’appelle Sylver.Sylver hocha la tête et ensemble, ils partirent chercher des vivres dans le centre commercial. Ils trouvèrent par miracle un peu de nourriture qui était encore comestible et quand il en eut plus qu’il ne pouvait en porter, le garçon rentra à la base des Trèfles.
Désormais, il n’était plus seul.
Suite du RP