Une bouteille à la mer
PrécédemmentAprès quelques jours en compagnie d’Ophélie à chercher des survivants dans les décombres de la ville abandonnée, Sylver avait décidé de se reposer un peu. Ophélie lui avait suggéré de commencer à organiser sa vie, dans l'hypothèse qu’il reste encore un moment sur le plateau, ce à quoi il était assez favorable. Au moins, ça lui permettrait de s’occuper pour ne pas penser à sa solitude persistance, un monstre ne faisant après tout qu’une présence de substitution.
Il en était au cinquième jour après son retour sur le plateau et il décida de décréter ce jour comme un dimanche. Et comme le dimanche est le jour du Seigneur - ou en tous cas c’était ce que lui disait souvent Maïté, il décréta également que ce jour-là il se reposerait.
Bien sûr, nulle grasse matinée pour Sylver qui ne les avait de toute façon jamais appréciées. Il préféra passer sa journée de repos dans un endroit tranquille, en dehors de la ville, qu’il n’avait en plus jamais visité : l’océan.
Il n’avait jamais été sur une plage, même de son vivant sur Terre. Cela avait d’ailleurs été souvent été un sujet de railleries pour ses contemporains. Quelle surprise en arrivant à l’océan, de voir ainsi cette grande étendue de sable fin ! Ne pensez aps non plus qu'il était inculte, il avait déjà vu des plages à la télévision mais ça n'était pas la même chose le le voir en vrai.
Il enleva ses chaussures sur la plage et laissa le sable caresser ses pieds nu. Il resta là un instant, en savourant la liberté qu'exprimait la situation.
Puis, comme pris d’un accès de folie soudain, il courut jusqu’aux vagues et se jeta dans la mer, sans même retirer ses vêtements. Il s’arrosa et sauta dans l’eau salée en rigolant, comme un enfant qui découvre la mer. Puis, il se mit sur le dos et se laissa dériver quelque instants. Là, dans cette immensité liquide, avec les doux rayons du soleil qui lui caressait le soleil, il avait pour la première fois depuis longtemps l’impression d’être en paix avec l’univers.
Après un temps qu’il n’aurait pas su quantifier, il se leva enfin et commença à marcher sur la plage. Ce qu’il cherchait, il n’aurait su le dire. L’esprit vide, il marchait et voilà. Sans penser à la Terre, sans penser à ses amis perdus, sans penser à rien.
C’est là qu’il aperçut un bâtiment proche de la mer, qui serait probablement recouvert à marée haute. Avec sa flèche élancée et sa grosse cloche, il n’avait pas de doute : il s’agissait bien d’une église. Et lui qui pensait au Seigneur quelques instants plus tôt …
Bien sûr, il savait aujourd’hui que Dieu n’existait pas, ou en tous cas il n’était pas unique. Et surtout, les dieux étaient bien plus cruels que celui vénérés dans ce genre de lieu …
Il nota également que les gens qui avaient habité là avaient visiblement des religions, comme ceux de la Terre. Encore une similitude laissant se questionner sur l’origine du plateau …
Il entra et constata que sans surprise, le lieu était autant abandonné que les précédents. Malgré tout, un banc était encore en place en face de l’autel, intact de l'usure du temps. Hasard improbable ou signe divin, il n’aurait su le dire.
Il s’assit et se mit à fixer la croix fixée au mur derrière l’autel. Et là, pour la première fois de sa vie, il commença à prier.
Il ne savait pas comment faire mais il avait déjà vu des films et il joignit les mais et fixa le crucifix. Sans vraiment savoir à qui il s’adressait, il parla à voix basse.
- Bonjour Dieu … si tu existe. Enfin tu n’existe pas vraiment j'imagine, vu que des dieux sadiques règnent sur nos vies. Mais peut-être que l’un d’eux d’un peu moins cruel entendra ma voix ?
Dis-moi, qu’est-ce que tu attends de moi ? J’ai essayé d’être bon pendant ma vie sur Terre, et ça m’a valu d'atterrir sur le plateau. Là je me suis battu pour défendre mon clan, comme l’attendait tes frères et sœurs. Et maintenant je me retrouve seul. Quand cela s’arrêtera-t-il ? Est-ce qu’il y a une formule magique qui me permettrait d’enfin arrêter de me battre ? Il prit une petite pause.
- Enfin cela pourrait être pire j'imagine. J’ai Ophélie, je ne suis pas complètement seul. Et les monstres sont bien moins nombreux qu’avant, il est beaucoup plus facile de les arrêter …Mais tout de même. Ça n'est pas une vie, pour personne. Alors, si je pouvais demander une seule chose ça serait … d’avoir une raison de vivre. Il murmura un
“Amen” avant de se lever et de sortir du bâtiment, non sans jeter un regard en arrière. Puis il alla chercher ses chaussures et rentra à la base. Ophélie lui demanda ce qu’il avait fait quand ils se mirent à table mais il ne lui parla pas de l'église. Cette partie à il la garderait pour lui, peut-être par honte mais peut-être aussi parce que ça lui faisait du bien de se confier à quelqu’un d’autre.
Car oui, même si lui lançait son message sans espoir de réponse, ça n’était pas pour autant qu’il n’était pas entendu.
Suite du RP